LA POPULACE, CE FIN GOURMET
Le miel, ses abeilles, n’ont besoin du bourdon
Leurs lampées de Bourbon au palais de bourbon
On dit que l’élite en pince pour le homard
Rougit sa langue au Châteauneuf ou au Pomard
Se gave et goberge, puis se baigne au champagne
Bamboche, agape de courtisan et compagne
Œufs pochés de truite, huile vierge de truffe
Caviar d’apparatchik, tartare de tartuffe
La populace a faim et reste un fin gourmet
Vomissant son pain noir, belle orgie d’entremet,
Indignée d’un dîner discret de gougnafier
D’un piètre Chalençon, d’un auguste Escoffier
Après la bombance fait bonne promenade
Soulage sa conscience au bon pauvre en panade
Les pauvres font vivre artistes, bateleurs,
Décideurs, à vivre au-dessus leurs malheurs
à rafraîchir haleine ou bomber bas de laines
Les ventres creux servent aux poches, aux mains pleines
Vous erriez, lambiniez, dans votre appartement
« - Le peuple souffre, Sir’
- Ah ?
- Oui apparemment
- Mais qu’il mange ses doigts, mais qu’il ronge son sang,
Un homme doit rester digne et songe à son rang.
On ne peut plus régner paisiblement sans gueux
Qui crient forts, ces affreux, sales et belliqueux
Est-ce rue qui clame ou bien du gibier qui brame ?
Cette faune entame chant du salut, du blâme
Mais enfin que diable font ces grands galériens ?
- On ne peut tous mourir sur le mont Valérien
- Qui sont ces femmes, ces hommes qui suent des yeux ?
- Ce sont des séditieux qui sont déçus des cieux,
Ont l’illusion perdue comme une idée trahie.
Votre armée sans treillis, votre paix trop haïe
- Sont-ce des criminels ? - Non ils sont justiciers
Ils ont le cœur battant au sang des suppliciés
Au innocents les mains pleines ? Leur ventre vide
C’est le temps qui presse, c’est un joueur avide
Le char de l’Histoire tambourine à vos portes
La métamorphose d’Ovide ou des cloportes.»
Sous les lambris dorés, la guerre c’est la paix
Tout change, rien ne change au seuil de vos palais
La cours, ses miracles, ses parias, ses rebus
Fin du monde et des mois recommence aux débuts
Qu’espériez-vous Seigneur ? Que les humains dociles
Se laissent dépérir dedans leurs domiciles
Regardez-les passer, car ce sont les « sauvages...
De civilisation ». Moins bandits que vos sages
La griffe du lionceau, bave de louveteau
Le monde appartient à qui se soulève tôt...