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QUINQUENNAT SOUS QUELQU'UN QUI N'A QUE HAINE ET CANON

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Billet de blog 13 avril 2022

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QUINQUENNAT SOUS QUELQU'UN QUI N'A QUE HAINE ET CANON

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L’ARMÉE DE LUMIÈRE

6ème chapitre du récit rimé des cinq dernières années : Quinquennat sous quelqu'un qui n'a que haine et canon Disponible ici : https://quinaquehaineetcanon.tumblr.com/

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QUINQUENNAT SOUS QUELQU'UN QUI N'A QUE HAINE ET CANON

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L’ARMÉE DE LUMIÈRE

C’était un long tunnel, et glacial et opaque
Étroit et calme, comme un égout sous sa plaque.

On vit des lucioles percer du soupirail
Sorties de nulle part, éloignées du sérail
Sous le ciel de novembre à la belle hébergée
Une étoile est tombée, c’est celle du berger
Ne sont pas nés sous la bonne, elle lâche du lest

Elle a greffé la nuit à tout leur corps céleste
Sur la carte du ciel, brillent aux quatre coins,
On ne voit que leur dos fluo qui ne rompt point.

La clameur des bottines, le calme des chaumières

L’armée des ombres a des habits de lumières

Ils, ont le souffle au corps, elles, le diable au cœur.

Malgré le sifflement de cet oiseau moqueur,
Les dames divorcent donc de leurs deux patrons.

(L’un est à l’usine ; l’autre dans leur maison)

Que tous les porcs brûlent au bûcher sans aveu

À l’ombre grise des jeunes filles en feu

Pénélope n’attend ni mari ni Ulysse
Puis crée son pays sans les merveilles d’Alice.

Dans chaque Cosette sommeillait un Gavroche

La France profonde non gravée dans la roche

                                    *

Il n’y a pas qu’à Paris que l’époque est pourrie

La chair se paye au prix, main invisible prie

Que les peaux périssent puis se paupérisent

Les paumes non lisses où les poils se hérissent

Que les poilus ont nos sales gueules d’emplois

Ancêtre entêté et réfractaire gaulois

La survie quotidienne est une lutte intime

Qu’un jour est une vie, qu’un sou est un centime

Vue d’en haut, la France est cet îlot provincial
Ce village où un ch’ti égale un provençal
D’une pointe d’accent, l’élite se délecte
De cette langue d’or qu’elle appelle dialecte
Voit le territoire comme un meuble à tiroirs
Du Midi jusqu’au Nord ouvrant grand ses terroirs

Aux brèves d’un comptoir quelque peu trop disert

Chuchotant le secret d’un médical désert

Tous ces bourgs, ces hameaux, ces cités, ces communes

Aux cent mille causes, soudain ne font plus qu’une
Où la joie, la peine se lient dans l’amitié
Sous le maillot, soudain, font ce même métier

D’ouvriers, paysans, d’employés, d’artisans

« Ahou ! » « Ahou ! » « Ahou ! » Un chant de partisans

Ils sont donc revenus, pied de guerre, de grue

Fondent sur la ville et ont traversé la rue
Viennent des montagnes, des vallées abattues
De contrées lointaines, qu’on a trop longtemps tues

De ces temps oubliés où vivre c’est attendre,

Que le bus ou la mort viennent enfin vous prendre

Où au soleil couchant, tous les nuages saignent

Sur le seuil des grilles des anciennes enseignes
De vallées lointaines où aucun train ne siffle

Ils gèlent et jeûnent, lorsque le givre gifle,
Tels leurs paysages : désolés. Morgue pleine,

L’homme qui rit... jaune, le Joker ou Gwynplaine !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.