QU’IMPORTE LE FLACON
Boulevard d’odéon, soudain des jaunes ombres
Déambulèrent au sein la paix des nombres
Leur silhouette au mur des cités d’or massif
Foule funambule, sur le fil répressif
Foulant le pavé sur des semelles de peau
En série en suite, de qui battent le haut
Prête à vous irradier sous votre rayon bleu
Prête à danser sur des lignes de mire en feu
La revanche des riens, des sans-rein, des bossus,
Troublant calme feutré de ces quartiers cossus
Allant, venant, flânant et esquintant leurs guêtres
Sur vos tapis rouges, au bas de vos fenêtres
Lutèce, cette fille aux yeux crevés dehors
Délicate catin décatie sous ses ors
Au lèche-vitrines, brisées puis étoilées
Voit ses vieilles pudeurs désormais dévoilées,
Drapée de banderole ayant deux bouts liés.
Bouquet final bondit sur vos vieux boucliers,
Explose mille feux, mille cieux d’artifice
Y crépite en son cœur, s’enflamme l’édifice
Avec de l’essence, de suie et de sueur,
On fait du silence, du bruit, de la fureur
Les terres brûlées se rincent au diesel
Les plaies béantes se cicatrisent au sel
Avant que le corps se consume en lambeaux
Anticipe, batte sa retraite aux flambeaux
En dix minutes ou un siècle d’annuités,
D’un trait, coup de grisou, toutes dynamitées.
De décembre au tison, à Pâques au balcon
L’heure est à s’embraser, qu’importe le flacon.