J'ai longtemps côtoyé les maisons de disques, d'abord en tant qu'acheteur (j'ai commencé vendeur de disques) puis en tant qu'organisateur de Show-Case (à la communication de la Fnac). J'avoue avoir toujours apprécié ce contact avec la musique. Etre au carrefour des dernières nouveautés, recevoir les avant-premières, assister aux concerts, aux soirées spéciales... Devenir un VIP au milieu d'une foule uniquement constituée de VIP, ça en jette. Je croisais bon nombre d'artistes et certains me reconnaissaient encore le lendemain de notre rencontre. La classe, quoi ! En bon provincial, je nageais en plein bonheur, j'étais à Paris, la Capitale, je serrais les louches des DA, chefs de projet, chefs de produits (sic), directeurs commerciaux... Et puis, la lassitude... Je suis parti de la Fnac, j'ai pris de la distance avec ce milieu quelque peu illusoire, j'ai remis pied à terre, et j'ai repris la musique. J'ai appris beaucoup de choses de cette période. Notamment que bien des membres de ce milieu achète très peu de disques. La plupart du temps, ils collectionnent les services presse pour pratiquer des échanges avec leurs collègues d'en face. Du coup, ça vous remplit vite les mètres linéaires dédiés aux CD dans un appartement. Je le sais d'autant plus que j'ai fait pareil. Je voulais tel disque, il me suffisait de le demander au représentant de la Maison concerné. Et quand le représentant ne pouvait me le donner, on s'arrangeait pour qu'il me donne un autre disque, même hyper ringard, de façon à ce que je procède à l'échange au sein de mon magasin. J'ai même eu des intégrales complètes de cette façon-là. C'était quand même vachement bien la vie...
Je n'ai nullement l'intention de cracher dans la soupe, je voudrais juste dénoncer l'hypocrisie régnant dans ce milieu : comment stigmatiser les voleurs de musique sur le Web quand la majeure partie de votre discothèque est constituée de produits offerts, échangés, empruntés ? Ne sommes-nous pas les moins bien placés pour cela ? Ce qui me sidère le plus dans cette affaire, c'est que pas mal d'artistes utilisent un système parallèle pour obtenir les disques qu'ils souhaitent (attention, je précise qu'en aucun cas il ne s'agit d'une généralité, j'ai souvent vu Etienne Daho ou Jane Birkin, par exemple, traîner dans les allées des magasins). Il leur suffit de faire une liste des disques souhaités, de passer cette liste à un commercial ou un chef de projet quelconque dans leur maison de disques et hop, le tour est joué. Ils ne savent pas d'où viennent les disques, ni comment ils ont été trouvés, mais ils les prennent bien volontiers. Et certains d'entre eux partagent, sans gêne aucune, les leçons que donnent les Pascal Nègre aux téléchargeurs frauduleux. Dis-moi ce que tu veux écouter, je te dirai comment l'avoir. Ah, ma bonne dame, on vit dans une époque bien cynique, n'est-ce pas ? Candide, relève-toi, il manque un disque en tête de gondole.
Sinon, la musique un peu spéciale que je produis de temps à autre, est toujours disponible en téléchargeemnt libre sur mon site : http://www.wet-blankets.com
Billet de blog 18 février 2009
Vive la musique libre, partie 2 : hypocrisie et ratatouille
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