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Billet de blog 22 juin 2021

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Abstention record, y aurait-il quelque chose de cassé dans le vivre-ensemble ?

Les Français ont indéniablement marqué un désintérêt record pour la chose publique en s’abstenant à plus de 65% aux élections régionales et départementales de ce weekend. Etonnant ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ça y est, on ressort, on retourne en terrasse, dans les bars et au cinéma. On retrouve ses amis dans les lieux publics et depuis dimanche (20 juin) 6h, sans besoin d’attestation une fois la nuit tombée. Pourtant, après plus d’un an et demi de vie sociale hachurée, de confinements et de restrictions, n’y aurait-il pas quelque chose de cassé dans le vivre-ensemble ?

L’abstention record lors des élections départementales et régionales n’en serait-il pas la preuve ? Les Français y ont indéniablement marqué un désintérêt record pour la chose publique en s’abstenant à plus de 65%. Il faut dire que le vote, manifestation première de la liberté -politique- des individus, apparaît malheureusement comme un objet assez creux, a fortiori en matière d’exécutifs locaux, après plus d’un an de mesures liberticides et d’état d’urgence sanitaire décidés au seul niveau central.

La politique, c’est-à-dire l’organisation de la vie de la cité, ne semble ainsi pour l’heure pas un sujet de premier ordre pour ceux qui avant d’être des citoyens, sont des individus, et qui ressentent pour l’instant davantage le besoin de se retrouver entre eux que celui de s’exprimer sur la direction à prendre collectivement.

Il faut dire que parallèlement aux difficultés vécues par l’électorat, les propositions politiques peinent à émerger et convaincre, et ne suscitent par conséquent aucunement l’enthousiasme.

La gauche est émiettée entre un populisme vindicatif (La France Insoumise), un amateurisme patent (EELV), et un parti qui ne parvient plus à incarner et s’incarner (le Parti Socialiste). Les trois -très relatives- forces de gauches comptaient sur l’élection de ce dimanche pour dessiner les rapports de force pour la présidentielle et pouvoir s’inféoder les unes aux autres, l’abstention record servira sûrement de motif pour refuser la validité de la prise de température (plutôt au profit du PS et des écologistes), parce qu’il en faudra bien un pour justifier de ne pas s’unir.

La droite classique, c’est-à-dire les Républicains, bien qu’ayant réussi à conserver ses positions, semble quant à elle bien loin de pouvoir revenir un jour aux affaires nationales, divisée entre l’idée de rejoindre le mouvement auquel elle a déjà donné deux premiers ministres (LREM) ou au contraire celle de déborder du côté du Rassemblement National.

Rassemblement National, qui, avec le parti présidentiel, est le grand perdant de ce premier tour des élections départementales et régionales au profit des partis de gauche et droite traditionnels qui ont bénéficié de la désormais fameuse « prime aux sortants ». Le parti de Marine Le Pen, qui s’est fait tout particulièrement discret depuis un an, foncièrement incapable de proposer la moindre solution pertinente aux épreuves de la crise sanitaire et économique, ne peut au moins plus se targuer d’être le premier parti de France.

Enfin dernière force en présence, la République en Marche, aux responsabilités depuis 2017 et qui pouvait à l’origine incarner un espoir de renouveau de la vie politique, a aujourd’hui définitivement et triplement failli. D’abord en gérant la crise sanitaire par une approche sécuritaire et liberticide. Ensuite en s’étant parfaitement établi, au lieu de la réformer comme c’était le projet, dans une administration aux lourdeurs caricaturales. Enfin en ayant plus comme seul objectif politique et électoral que d’absorber ce qu’il reste de la droite, et ce en faisant le pari de l’emporter face au Rassemblement National au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2022.

Autant dire que sans la moindre proposition convaincante et crédible, et après plus d’un an d’usure de la démocratie et du moral de la population, il est assez naturel qu’aller voter n’ait pas été dans toutes les têtes ce dimanche, et on peut aisément imaginer qu’après avoir été trop tenus et empêchés par la politique, les Français aient envie de faire une pause avec elle.

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