Lettre à qui veut
Nous sommes à un moment de bascule. L’irrationnel, l’émotion semblent l’emporter sur la raison.
Quand je dis moment de bascule, je fais référence aujourd’hui aux élections législatives en France de 2024 mais c’est bien plus large.
Les « pétages de plomb » dans de nombreux pays ont débuté vers 2011 et surtout 2018, comme par hasard autour des différents pics pétroliers.
Très peu d’entre nous font un travail indispensable, essentiel et encore moins dans des métiers qui demandent de l’effort physique. Ce qui se joue et que personne n’entend c’est que moins d’énergie, égal plus de travail physique. Le nucléaire, l’éolien, le solaire, ne remplaceront jamais les énergies fossiles et nous devons immédiatement diminuer leur consommation. L’hydrogène n’est pas une source d’énergie mais un vecteur d’énergie et surtout un attrape gogo mis en avant par les lobbies pour nous faire croire qu’on continuer avec la même façon de vivre.
La question fondamentale est donc : Va-t-on vers un rétablissement de formes de travail forcé ou vers une répartition égalitaire du travail physique. Une moissonneuse batteuse c’est l’équivalent de plusieurs centaines de femmes et d’hommes. La majorité des engrais sont fabriqués avec du gaz et ainsi de suite... En France à peine 400 000 personnes produisent la nourriture de 70 millions ! Une rupture dans l’approvisionnement en pétrole et on meurt de faim. Le nucléaire est une lubie car nous n’avons plus les ressources intellectuelles et financières ni pour le développer ni même le démanteler et l’uranium il n’y en a plus depuis longtemps en France.
Si la gauche, le centre et la droite, ne peuvent que gérer tant bien que mal les conséquences d’une planète de plus en plus peuplée avec des ressources moindres, l’extrême droite précipite la chute, en étant dans le déni. Ce n’est pas une question de morale mais un regard historique et anthropologique.
Partout où l’extrême droite est ou a été au pouvoir c’est au nom du peuple mais au profit de la grande bourgeoisie et avec une précarisation des classes moyennes et populaires. Trouver, construire des ennemis intérieurs ou extérieurs permet de cacher les inégalités croissantes.
En 1945, à la sortie de la guerre, de la droite dure à la gauche stalinienne, il y a eu un accord pour éviter le pire de nouveau :
- Séparer les banques d’affaires des banques de dépôts (celles des particuliers)
- Construire une structure parallèle à l’état et basée sur le salaire (la sécurité sociale)
- Limiter la participation des riches dans les médias
Mais dans les années 1980 et 1990, l’état a pris le contrôle de la sécu et surtout de notre argent. Les dernières élections pour la sécurité sociale datent de 1983. Pour un budget équivalent, la dette de l’état est 75 fois supérieure à celle de la sécu (3000 milliards contre 40 !) et pourtant on accuse la sécu gérée par les salariés d’être déficitaire. L’état continue à prendre le contrôle de la sécu, voler son argent pour distribuer aux riches !
Dans les années 90 on a fait sauter les digues qui protégeaient les banques des particuliers : résultat la crise de 2008 et les français empruntent 400 milliards pour les donner aux banques pour les sauver.
Les verrous sur les médias ont disparu, résultat, la quasi-totalité des médias appartient à des milliardaires qui transforment des outils d’information en médias de propagande. A chaque journal de Cnews, BFMTV et autres, il faudrait des heures pour recadrer les approximations, les faits majorés, ceux minimisés, les mensonges par omission, par invention... le problème ne sont pas les opinions différentes des uns et des autres, c’est la manipulation des faits.
Ces médias ont le don de faire croire à des gens aux intérêts contraires qu’ils ont les mêmes et d’opposer des gens aux intérêts communs.
Sur la violence et l’insécurité : toutes les statistiques vont dans le même sens, les pics du nombre de meurtres en France (hors guerres) ont eu lieu en 1920, 1950 et 1983, depuis il y a une baisse constante des homicides. Les meurtres ne sont pas toute la criminalité mais cela montre que moins une société est violente moins elle supporte la violence. Ce qui est nouveau c’est l’ultra-médiatisation de la violence qui donne une impression d’omniprésence. Moins une société est violente, moins elle supporte la violence, mais est-ce une raison pour sacrifier toute liberté ?
Il est absurde d’être plus choqué par un pneu crevé, un rétro cassé (ce qui est énervant) que par le vol du fruit de notre travail qui fait que l’évasion fiscale coûte bien plus cher que soutenir les bénéficiaires du RSA.
On est outré par un malade d’extrême droite ou un islamiste qui va tuer une demi-douzaine de personnes (c’est tjs trop) chaque année, alors que la violence conjugale tue 150 femmes par an. On est choqué par les meurtres liés au trafic des drogues interdites qui font qq dizaines de morts, alors que les meurtres liés à l’alcool au volant font des centaines voir des milliers de morts. On est choqué des quelques milliers de morts liés aux drogues illégales, alors que le tabac et l’alcool, drogues légales font 150 000 morts par an. Personne ne manifeste contre l’état qui en refusant de faire appliquer les lois sur la pollution de l’air permet près de 100 000 morts par an.
La désertification médicale, le manque de soignants dans les hôpitaux conduit à des centaines de morts par hôpital et par an. Nous sommes tous choqués (à juste titre) par un tchétchène décérébré qui tue un professeur, mais nous acceptons sans rien dire que notre grand-père, mère, tante, meurt, aux urgences à cause d’un manque de moyens voulus et programmés par les politiques et les soignants qui pour certains ont limité volontairement l’accès aux études de médecine, permettant les choquants et inacceptables dépassements d’honoraires.
Quelques meurtres absurdes et inacceptables contre des dizaines de milliers de morts chaque année liés à la gestion des soins par l’état et les corporations. Mourir à attendre aux urgences après avoir bossé toute sa vie, payé ses impôts et cotisations dans un pays débordant de richesses !
Nous hurlons par contre à juste titre contre les agressions sexuelles faites par des hommes dans la rue, mais personne ne manifeste contre les dizaines de milliers d’enfants violés par les hommes de l’église catholique depuis les années 50 ! Voir des personnes réclamer la peine de mort pour un pédophile itinérant est un moyen de détourner le regard sur le fait que plus de 90 % de la pédophilie se fait au sein de la famille et par les très proches. C’est une lâcheté et un aveuglement collectif, tout comme la violence conjugale…
100 000 morts liés à l’amiante, alors qu’un pays comme la Suède l’avait interdit dès les années 1920. L’argent contre notre notre santé, contre notre vie.
Il faut dénoncer les violences, mais toutes les violences et avec rationalité et proportionnalité et pas celles qu’on nous assène à longueur de journée. Prenons du recul pour voir d’où vient réellement la violence.
L’immigration serait un problème ? Il y a à peine 7000 ans, toute la population européenne était noire de peau. Il y a eu des flux permanents siècle après siècle. Les frontières sont un concept flou et fluctuant. Ainsi pourquoi la Bretagne n’est plus un pays ? -La France au Xème siècle était minuscule et dépassait à peine Paris et Orléans (à peine l’équivalent d’un département actuel). Dans les années 1930, elle couvrait la moitié de l’Afrique, une partie de l’Asie c’est à dire après le Royaume Uni le deuxième Empire sur la Terre. Les frontières ont d’abord été inventées pour empêcher les gens de sortir d’un territoire et les obliger à travailler. Il y a 150 ans, les ouvriers avaient besoin d’un passeport pour se déplacer à l’intérieur de la France. Toujours avec l’idée de contraindre aux travaux les plus pénibles pour le bénéfice d’une minorité. Les Bretons et les Auvergnats étaient rejetés à Paris et faisaient les boulots les plus durs. Les Italiens et les Polonais insultés car piquant le travail des Français et surtout à cause de leur religion, trop catholique pour un mouvement ouvrier largement anticlérical.
Aujourd’hui il y a 2,5 millions de Français à l’étranger et 5 millions d’étrangers en France, dont 1/3 de l’Union européenne.
Il convient de dire que sans les migrations actuelles, l’ensemble de l’économie européenne s’effondrerait. L’immigration est surtout un problème pour les pays d’origines qui perdent des compétences et qualités. Sans l’immigration, il faudrait alors 3 choses en Europe pour maintenir un minimum de production de biens et surtout de services : supprimer ou retarder l’âge de la retraite, allonger fortement la durée du travail et/ou obliger les femmes à faire des enfants et obliger ces derniers à travailler dès l'âge de 12 ans. Bref le retour à une autre époque.
Sans compter que comme dit précédemment, la diminution des sources d’énergie faciles, va accroître le besoin en travail physique. N’oublions pas que les immigrés font des travaux indispensables pour que nous puissions manger ou vivre (agriculture, ménage, soins, aide à la personne, bâtiment, travaux publics…). C’est sympa d’être tatoueur ou esthéticien, d’être consultant ou formateur, mais c’est pas ça qui nous fait vivre au quotidien. Rares sont les étrangers extra-européens à pouvoir faire du télétravail ! Taper sur les étrangers qui font la toilette de notre grand-mère et la font bien, avec amour, alors que des personnes françaises vont le faire avec maltraitance si on les y amène contraintes et forcées à faire ces métiers.
Sans compter que si vous obligez les chômeurs à travailler, il va falloir trouver presqu’autant d’emplois pour garder les enfants et les parents malades dont s’occupent actuellement celles et ceux que l’on dit souvent à tort sans emploi. L’aidance est une grande cause du non travail salarié. Des millions de Français sont en sous emploi ou sans emploi parce qu’ils s’occupent au quotidien d’une mère Alzheimer, d’un fils handicapé, ont 3 ou 4 enfants en bas âge. Pour remplacer un aidant d’une personne Alzheimer il faut a minima 2 aides à domicile.
Avoir entendu des personnes dans un groupe critiquer les gens aux RSA comme profiteurs et en leur demandant leur statut, la réponse était ; elles étaient toutes au RSA : « Mais ce sont les autres qui profitent, les étrangers, moi je mérite mon RSA ! » Du côté des migrants, souvent en situation difficile, je les entends critiquer le fait que l’on puisse avoir en France de l’argent sans travailler. On est à front renversé.
Réciter des âneries débitées par des médias partisans, sur le chômage et les BRSA, est un point d’émotion loin des chiffres et de la réalité. L’évasion fiscale, la fraude fiscale, faites par des gens qui ont plus d’argent qu’il n’en faut pour vivre (c’est rarement un maçon ou une agricultrice qui vont placer de l’argent en Suisse) est bien supérieure à ce que coûte le RSA. Sait-on que nombre de bénéficiaires du RSA travaillent, mais avec des revenus insuffisants (agriculteurs, artisans, aide à domicile, employé d’entretien) ou ne travaillent pas car ils ou elles sont malades ou en situation de handicap, sauf que les reconnaissances de handicap ou d’invalidité sont très difficiles à obtenir et souvent avec des taux justes en dessous de ce qu’il faut pour bénéficier d’aide. Plus de 50 000 agriculteurs bénéficient du RSA et/ou de la prime d’activité car malgré 50 heures de travail par semaine ils ne peuvent pas vivre. Alors oui je suis en colère contre ces journalistes de RMC ou autres qui avec plus de 10 000 euros par mois, crachent à longueur d’antenne sur les profiteurs pauvres. Mais qui sont les profiteurs ?
Il y a 3 millions de millionnaires en France et moins de 2 millions de BRSA qui touchent au maximum 7500 euros par an (APL compris). Jamais les inégalités n’ont été aussi fortes. 5 personnes en France ont une fortune équivalente à celle des 28 millions de personnes les plus pauvres ! 5 contre 28 000 000 ! La crise Covid a fait que « nous » avons encore emprunté 400 milliards sur les marchés et que par vases communicants les 5 les plus riches ont vu leur fortune augmenter de 240 milliards en quelques mois. Le plus gros braquage du siècle après celui des banques en 2008 ! On paie les intérêts d’une dette pour avoir enrichi les plus riches et personne ne crie au vol ! Normal la plupart des journaux et des TV appartiennent directement à ces plus riches ! Ces TV qui en boucle dénoncent les abus que font les plus pauvres ! Nous avons emprunté pour donner aux 5 les plus riches, l’équivalent de 16 années du total des dépenses liés au RSA. 5 personnes ont reçu en quelques mois l’équivalent de 32 millions d’années/bénéficiaires RSA !
Il paraît que les pauvres abusent des aides sociales et du chômage (le chômage n’est pas une aide mais le fruit de nos cotisations). En réalité il y a environ 500 millions d’abus sur le social par an et une enquête a montré qu’à 80 %, ’il s’agit soit d’entreprises qui ne déclarent pas des salariés, soit de soignants, de pharmaciens, qui inventent des actes ! Le résultat de cette enquête a été peu publiée... d’autant plus que 5 milliards d’aide qui sont dues ne sont pas réclamées. Il y a 10 fois plus de non recours que de fraude.
L’argent magique n’existe pas. Il s’agit toujours de l’équivalent du travail fait par des humains quelque part sur la planète. Gardons en tête, que non seulement les étrangers font les boulots durs ici mais que ce sont eux dans leur pays qui produisent nos vêtements, notre électroménager, nos appareils informatiques, de plus en plus notre nourriture, pour quelques dizaines d’euros par mois. Des dizaines de morts dans des grèves au Bangladesh il y a 2 ans pour essayer d’avoir un salaire minimum à 70 euros/mois !
Gagner de l’argent en bourse c’est prendre de l’argent à des gens qui vont être moins payés que ce qu’ils devraient. Cela met les nerfs à vif d’être réveillé par des personnes qui vont faire du bruit. Être cambriolé cela nous bouleverse pour des années. Mais le vol permanent de notre travail lui laisse indifférent. Vous êtes choqués par les bénéficiaires du RSA, dont une part importante je le répète travaille (ou est bénévole) mais vous acceptez que des personnes gagnent 8000, 10 000 euros par mois sur des métiers inutiles ou qui n’ont pour utilité que de nous rationner, nous abrutir d’administratif. De reporting ! Oui les cadres de l’ARS nous coûtent chers en rationnant les soins et poussant au burn out les soignants qui ont l’impression de faire plus d’administratif que de soins. Non seulement leur travail est nuisible, mais il infantilise les gens qui sont dans des travaux pénibles et nécessaires. Nombre d’usines, de services d’aide à domicile ont vu leur quantité de cadres augmenter à charge de travail supérieure et à effectif de « vrais » travailleurs constant. Le vol de notre travail ne se fait pas que par l’actionnariat mais beaucoup par des postes qui n’existent et ne s’auto-justifient que par la complexité administrative qu’ils inventent. Non seulement une part importante des classes moyennes supérieures occupent des postes inutiles mais ils se paient plus que les autres !
D’accord le travail doit payer, mais même celui qui travaillerait 24h/24h et 7j/7 (ce qui n’est pas possible non stop) c’est à dire 720 heures ne peut pas être payé plus que 4,8 fois que quelqu’un qui bosse 151h par mois (35h). Les très gros travailleurs travaillent 70h/semaine, soit 2 fois 35h. L’écart raisonnable serait d’un salaire 3 fois supérieur en prenant en compte le fait qu’il va s’user plus vite. Mais rien ne justifie ces écart de richesses. Le fait de pouvoir télétravailler (en continu) en dit long sur l’absurdité de ce qu’on accepte dans la division du travail. Si on peut télétravailler toute la semaine c’est que notre travail n’est pas fondamentalement utile. Il y a bien sûr quelques exceptions, des chercheurs(ses), des écrivains et autres, mais la Covid a révélé à des millions de personnes qu’on pouvait se passer d’elles.
Certains ont changé de métier , préférant retrouver un sens, mais la majorité s’est persuadée de son utilité et même a renforcé le contrôle sur les autres travailleurs, celles et ceux qui ne peuvent être en « distanciel ».
Mais même dans le travail indispensable en présentiel, il y a de l’absurde, non pas dans le métier en lui même, mais dans leur proportion dans la société. Prothésiste ongulaire, tatoueur, esthéticien, vendeur de vaporette, vendeur de vêtements de mauvaise qualité fabriqués par des enfants, tous importés, architecte d’intérieur, vendeur dans des commerces qui ne vendent que des choses inutiles... Bref tous ces métiers, qui individuellement sont honorables, mais n’existe en si grand nombre que parce que le travail essentiel est fait par une minorité de travailleurs, appuyés par des machines fonctionnant au pétrole. Toutes ces personnes devraient s’interroger avant de critiquer les étrangers qui représentent quasi 100 % des nettoyeurs du métro parisien, des hôtels de luxe, des ouvriers agricoles dans nos champs, qui sont nombreux dans l’aide à domicile, le bâtiment, les abattoirs et les quelques usines qui restent. Les artisans, le BTP, ne peuvent fonctionner sans ces étrangers.
Critiquer l’étranger duquel on importe quasi tous nos médicaments, vêtements, ordinateurs, meubles, énergie et une partie croissante de notre alimentation alors qu’on ne produit presque plus rien et critiquer les étrangers qui font les travaux les plus pénibles en France ! Ce ne serait pas un peu suicidaire ?
Une immigration zéro et on repasse demain à 48 heures semaine, on rappelle les retraités, on commence tous à travailler à 14 ans. Une grève des sans papiers à Paris et plus un seul restaurant ne fonctionne, comme cela a été le cas en 2010, même devant l’Élysée. Remplacer les travailleurs sans papiers par des travailleurs réguliers qui demanderont des salaires décents et soit les restaurants coulent, soit le prix des repas double !
Il est impressionnant aussi de voir, contrairement aux générations ouvrières précédentes, que les plus modestes s’attachent au rêve de la propriété privée. Le vote Trump, Bolsonaro est un vote du rêve de tout propriétaire. Celui-ci est illusoire, c’est un jeu de dupe. Avec le dérèglement climatique, la petite propriété privée est le meilleur moyen de laisser les gens démunis face aux catastrophes. Les assurances se retirent de régions entières et dans quelques années plus rien ne sera assuré, pour le commun des mortels. Déjà en temps normal l’État exproprie les petits comme il veut, alors en temps de crise, imaginez. Demandez aux Kanaks, aux premiers habitants de l’Australie qui sont obligés de payer pour acheter des maisons sur des terrains sur lesquels ils vivaient depuis des dizaines de milliers d’années ! Un exemple : en 1894, c’est à dire hier, la France c’est auto-proclamée propriétaire de quasi toute la Kanaky, laissant ses vrais habitants poussés dans de toutes petites zones inhospitalières. Mais citons les 14 millions d’Allemand expulsés de Poméranie en 1945, les Ukrainiens qui ont dû laisser leur terre et leurs maisons aux Russes depuis 2014 et encore plus depuis 2022 . Le mythe d’une société qui repose sur le respect de la propriété ! Les seuls qui ont des vrais droits ce sont les états avec leur force armée. Ce sont les vrais propriétaires.
La petite propriété avec tous les sacrifices qu’elle demande pour les travailleurs est un moyen de domestication. Le rêve est si fort qu’il ne peut être remis en cause, même si à cause du crédit, on est obligé d’accepter des situations, notamment professionnelles inacceptables. Combien d’entre nous gâchent leur vie, s’épuisent pour ce rêve ? 20 ans de crédit c’est 20 ans sans liberté (ou peu) de choix.
Il ne faut pas seulement critiquer le capitalisme et exproprier les ultra-riches, il faut repenser une juste répartition du travail physique dans un monde qui va devenir encore plus compliqué.
Le rejet des écologistes par une partie des gens est largement du « Cassandrisme ». On déteste toujours celui qui nous alerte des catastrophes et on veut le tuer quand il s’avère que c’est arrivé.
Les écologistes politiques ne disent pas 1 % de ce qu’on devrait faire, car c’est inaudible pour les pères, mères, fils, filles, oncles, tantes que nous sommes. Un mois de juin pourri et tout le monde se précipite à dire qu’il faut relativiser le dérèglement climatique. Or justement 1 degré de plus en température c’est X degré d’humidité en plus et ainsi de suite.
Je suis impressionné par notre capacité de soumission alors qu’on tue littéralement les générations qui arrivent. Peut-on aimer ses proches et ne rien faire ? Bien sûr gauche, droite, même écologistes, peuvent proposer quelques ajustements, mais cela ne sera rien si ce ne sont pas les masses, nous, qui nous soulevons pour changer radicalement les choses. Or partout sur la planète l’extrême droite prospère en inventant un récit, une mythologie, un univers parallèle où le dérèglement climatique, la chute de la biodiversité, cela passerait après le fait de pouvoir gagner sa vie.
Mais ça sert à quoi de gagner sa vie, au quotidien, si ça enlève le lendemain ? On doit tous s’interroger sur notre travail. Est-il utile à l’avenir ? Ou participe-t-il de la destruction ?
« Oui mais il faut nourrir nos gosses ». Actuellement notre mode de vie c’est comme donner à manger du poison aux enfants.
L’enjeu qui se joue avec l’extrême droite qui triomphe un peu partout c’est de nier la catastrophe en cours et par une sorte d’auto-hypnose de nier les chiffres et les faits qui sont têtus. Les riches qui veulent encore plus se gaver, malgré le fait qu’ils savent que l’avenir est condamné ont intérêt à des formes politiques autoritaires car par l’auto-hypnose et par la force policière, la répression judiciaire il faut empêcher ou mater les révoltes.
Si voter à gauche, à droite, c’est inutile et que l’extrême droite ça accélère la catastrophe, alors que faire ?
Une abstention massive et revendiquée accompagnée d’un mouvement d’organisation dans le monde du travail, des habitants au niveau des communes et un boycott au maximum (pour ceux qui le peuvent) de la consommation est un moyen pour construire cette rupture/reconstruction.
Il faut un changement radical porté par les personnes qui travaillent dans les métiers essentiels et celui ci ne peut venir que par l'organisation dans le monde du travail. Néanmoins, si les élections ne peuvent pas donner l'impulsion du changement, elles peuvent aggraver la situation, alors il faut peur-être voter pour le plus loin de l'extrême droite pour gagner un peu de temps.
Pour une fois croyons les Cassandre plutôt que de les tuer !