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Journaliste, auteure et grande voyageuse, j'ai adopté plusieurs langues et cultures. L'itinérance est devenue mon mode de vie et la source de mon écriture.

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Billet de blog 1 avril 2020

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Chronique romaine: vers la mer

Coté mer, c'est Rome

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De ma fenêtre, côté sud-ouest, j'aperçois au loin la mer, elle forme une ligne horizontale parfaite que l'on distingue entre deux collines. On ne la voit pas tous les jours, il faut que le temps s'y prête, en général lors de journées froides et limpides d'hiver. De la savoir présente, elle me rassure... à portée de main les jours de tristesse ou de colère où il me suffira d'y plonger pour me sentir mieux. Aujourd'hui, elle me parait éloignée. Là-bas, c'est un autre monde, ce n'est plus la Maremma, c'est Rome. C'est là que les notables Romains viennent échapper à la chaleur étouffante de leur ville en été, comme ils le font depuis plus de 2000 ans, comme ils le faisaient à Pompéi et à Capri au temps des Empereurs, comme ils le font à Ansedonia et à Capalbio en ce début de 21ème siècle. Ansedonia est d'ailleurs un ancien site romain à l'amorce sud de la péninsule de l'Argentario. C'est une colline qui surplombe une longue plage de sable volcanique noir, sur laquelle sont parsemées les élégantes villas de l'intelligentsia romaine, les magistrats, les médecins, les avocats, les journalistes en vue, et les politiciens. Un peu comme il y a deux mille ans quand Pline l'Ancien méditait à Pompéi. C'est connu qu'à Rome les choses changent lentement.

 En été, ils y transposent Parioli, le quartier de la bourgeoisie romaine par excellence et continuent à se fréquenter entre eux sur la plage ou dans les restaurants, une tendance très italienne qui fait que l'on sort rarement de son cercle social -pas milieu mais cercle social- c'est à dire un groupe restreint d'amis plus ou moins proches et de membres de sa famille. Ci vediamo ad Ansedonia, entend-on à Rome dès le mois de juin. Côté mer, c'est la vie citadine, côté terre, la vie reste très campagnarde. Le soir, les Romains se retrouvent à Capalbio, joli petit village médiéval perché sur une colline tout près de la mer, où ils organisent toute sorte de festivals de littérature, d'art contemporain et de cinéma en plein air. On y trouve des trattoria traditionnelles avec produits du terroir et des bars-boutiques avec les derniers cocktails à la mode (l'année dernière le Moscow Mule a enfin supplanté le Mojito dont tout le monde avait assez). Les gens de la Maremma ne les fréquentent pas, ils disent que ce sont des bars VIP. Juste à côté de Capalbio, se trouve aussi l'oeuvre d'une vie de l'artiste Niki de St Phalle: son Jardin des Tarots. En guise de reconnaissance, elle a dédié à ce village une sculpture qui se situe sur la petite place juste à l'entrée des remparts. Alors que le reste de la Maremma continue de vivre au rythme des saisons, en hiver Capalbio se vide et seuls quelques rares bars-restaurants restent ouverts dont le Frantoio, haut-lieu de rencontre des Romains. Ce bar-restaurant-boutique-épicerie fine-librairie va même jusqu'à organiser une fête de Nouvel An avec D.J. et Prosecco. L'entrée est libre, pas besoin de sélection, seuls les Romains le savent.

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