Le paysage de la Maremma est toujours souriant, peut-être parce les collines sont douces et régulières et qu'elles s'ouvrent sur la mer. Si l'on se dirige vers l'intérieur du pays, sur les pentes du Mont Amiata (et sa petite station de ski), on retrouve l'ambiance morne des régions pré-montagneuses. Il y a d'ailleurs des villages entiers à vendre, où plus personne ne veut habiter car trop isolés, trop froid, et trop loin des centres d'activité. Il suffit d'y faire un tour pour sentir cette atmosphère de déclin, si caractéristique d'un monde qui arrive à sa fin, et ce dépérissement des villages aux volets clos, délaissés par la jeunesse, c'est à dire par la promesse de vie.
Dans les terres basses l'horizon n'est jamais fermé, peut-être parce qu'aucune colline n'en domine une autre et qu'il n'y a pas de vallée à pic, tout au plus un fondo naturel entre deux monts, creusé par l'écoulement des eaux et que l'on pourrait confondre avec un ruisseau lors de fortes pluies. Les tempêtes de la Maremma sont d'ailleurs très violentes, car c'est au dessus de ses collines que s'affrontent les courants d'air des Apennins et ceux de la mer Tyrrhénienne. Quand on voit ce paisible panorama, on a du mal à imaginer la force de ses intempéries, et pourtant elles sont capables de détruire beaucoup sur leur passage. Heureusement, ces derniers jours, les températures sont plus clémentes et les journées ensoleillées. Ce n'est plus la saison des tempêtes, elles arrivent en octobre et novembre. Il y a même un venticello agréable qui souffle sur les prés et fait balancer les branches d'olivier. C'est la brise marine, avec son murmure apaisant, qui a remplacé le sifflement inquiétant de la tramontana que nous avons eu la semaine dernière. La nature peut s'épanouir plus tranquillement et les feuilles des arbres commencent à s'ouvrir. C'est le moment de planter des arbres si je pouvais acheter des pousses, c'est presque même trop tard, nous aurions dû le faire idéalement pendant la première quinzaine de mars. Mais ce confinement a bousculé tous nos programmes, maintenant, les dépôts agricoles ont des horaires restreints, et surtout, ce sont les agriculteurs qui y sont naturellement prioritaires. Nous devrons attendre l'année prochaine pour planter plus d'arbres, et une année, dans la nature, c'est long. Encore de l'attente, nous passons beaucoup de temps à attendre ces derniers jours, attendre la fin du confinement, attendre de reprendre une vie ordinaire, attendre de voir sa famille et ses amis, attendre de retravailler, attendre de planter des arbres, juste attendre. Pendant qu'on attend, on peut prendre le temps de se regarder vivre et d'être tout simplement.