C'est un évènement bi-annuel d'une grande importance pour les Romains et qui les occupe un weekend entier: je parle du cambiamento di stagione, traduit le changement de saison, période sacro-sainte du passage de la garde-robe d'hiver à celle d'été et vice-versa une fois passés les équinoxes. A Rome, il faut deux garde-robes complètes: la chaude et la fraiche, l'une ne pouvant se substituer à l'autre. En hiver, on porte des bottes, des bonnets et des manteaux (en fourrure pour certaines) et en été, on passe aux robes légères et aux sandales. D'ailleurs, tout est prévu pour cela dans les appartements romains car les armoires ont deux parties superposées où l'on intervertit ses vêtements deux fois par an. Une fois une des garde-robes promue, on ne veut plus voir l'autre jusqu'à la saison prochaine et donc on la range dans l'armoire d'en haut. Et si vraiment on devait y retirer un vêtement pour une raison exceptionnelle, on devrait faire l'effort de grimper sur un escabeau et d'utiliser un accroche-cintre de plus d'un mètre pour y accéder, effort assez dissuasif.
Ce moment de l'année approche à grands pas, il est même imminent vu la hausse des températures, sauf si les Romains ont profité du confinement forcé pour anticiper le cambiamento, auquel cas ils seront déjà prêts dès la levée des restrictions. Pour ma part, j'en suis loin. Je porte les mêmes trois vêtements depuis deux mois, j'ai quitté Rome au retour d'un voyage professionnel avec juste le temps de changer d'affaires dans la petite valise que j'utilisais. Je m'en contente, ils sont assez chauds pour la mi-saison et suffisamment légers pour le printemps et pour l'instant, je n'ai pas besoin de m'habiller si je passe mes journées chez moi. J'en ai presque oublié le reste de ma garde-robe. Dans un renouvellement total, j'en ferai l'heureuse redécouverte à mon retour à Rome dans les prochaines semaines, comme si elle était neuve une seconde fois.