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D Magada

Journaliste (ex-Reuters-c'est mon pédigrée), auteure indépendante et grande voyageuse, je vis dans plusieurs langues et cultures. En dehors de l'écriture personnelle qui avance lentement, je suis consultante pour l'ONU et je forme des journalistes à l'international. Ce que j'aime le plus, après mes enfants, c'est de me retrouver dans un endroit inconnu avec un carnet et un stylo.

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Billet de blog 13 septembre 2024

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Episode 2 : Ma famille

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Toutes ces tribulations m'ont fait réfléchir. J'ai passé du temps à consulter les livres dans les rayons des librairies, je vois bien que ma vie n'est pas intéressante. J'ai eu une enfance sans problème particulier, je suis en couple depuis longtemps, je n'ai rien accompli d'exceptionnel dans ma vie,  franchement, qu'est ce que j'ai à dire qui peut faire de la littérature?  Le Russe l'a écrit noir sur blanc, toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. On sait bien que les héroïnes de littérature sont toujours malheureuses, c'est normal, c'est écrit par des hommes.

D'ailleurs, je ne vous le cache pas, j'ai fait de mes enfants ma priorité. Pour eux, je lâche tout. 

J'en ai un exemple très récent avec les soucis de travail de ma fille ainée cet été.  Elle avait signé en juin son premier contrat de travail et était enthousiasmée parce que c'était un CDI avec une rémunération respectable. Enfin sa vie pouvait commencer ! Elle avait même accepté de changer de ville et de retarder le commencement du travail à la mi-septembre sur la demande de l'employeur. Tout allait pour le mieux pour elle, elle profitait bien de son été avant son déménagement quand début août, elle reçoit un coup de fil lui annonçant que son contrat était annulé, comme ça, sans motivation autre que les résultats financiers trimestriels mitigés de leur plus gros client. Elle était sous le choc. "Mais ça ne se fait pas!!" s'est-elle exclamée, dépitée. "Des résultats trimestriels mitigé? mais ça ne veut rien dire, ce n'est pas une raison valable," ai-je ajouté.  Le choc absorbé, le processus d'action et de réaction s'est mis en place et j'ai revêtu mes habits de guerrière, prête à me battre aux cotés de ma fille. Je me sens une responsabilité de mère de la soutenir dans ses combats et lui transmettre mes outils de guerrière. Il ne faut rien accepter qui ne semble pas juste. Je tiens ça de ma mère qui, guerrière elle aussi, a passé beaucoup de temps à se battre et m'a transmis sa panoplie.

Cette histoire nous a mobilisé la plupart des vacances, à demander conseil aux amis plus pointus en matière de ressources humaines et à réfléchir à la stratégie à adopter pour qu'elle s'en tire au mieux. C'est une affaire en cours. Inutile de dire que mon écriture, passée en second plan, en a pris un coup. Cette fois, je ne me suis pas flagellée comme je le fais d'habitude, j'ai accepté la situation. Mes multiples séances de yoga et de méditation portent enfin leurs fruits. "J'accepte ce qui m'arrive, je ne lutte pas". Et donc, j'ai accepté, je me suis meme portée volontaire pour reporter mon écriture au mois suivant.

 J'étais dans un état d'esprit des plus favorables quand un petit incident m'a fait basculer. Une de mes collègues d'atelier d'écriture en ligne (je les fais tous histoire de multiplier mes chances) m'annonçait qu'elle avait été repérée dans le catalogue circulé auprès d'agents littéraires au terme de cet atelier. Un agent venait de la contacter pour son manuscrit, et elle en était très heureuse. J'étais heureuse pour elle, et pas vraiment surprise parce que son travail est bon, mais ça ne m'a pas empêché de retourner la situation sur moi-même et de me victimiser. Mes textes avaient été présentés dans le même catalogue, mais personne ne m'avait contactée. ça prouve bien que tes textes sont nuls et qu'ils n'intéressent personne, ma voix intérieure m'a soufflé. Pour bien avoir la mesure de mon état émotionnel du moment, il faut ajouter quelques sanglots entrecoupés d'injures comme fuck the agent., I give up....Le tout adressé à mon mari qui ne sait plus quoi faire dans ces situations, parce que tout ce qu'il dit pour me réconforter est rejeté par des " tu le dis juste pour que je me sente mieux mais tu ne le crois pas"......

Pour donner plus d'ampleur à ma crise (car dans ces cas-là tout y passe), je me suis plainte parce que j'avais pris du poids. "Et en plus je suis énorme", lui ai-je lancé. "Mais qu'est ce que tu racontes?" m'a t-il répondu. " C'est vrai, toutes mes robes sont trop serrées, je les ai essayées ce matin" ai-je dit.  "Arrête de te torturer sans cesse !" s'est il exclamé. Il était allongé sur le lit à lire tranquillement, quand devant mes jérémiades, il s'est levé d'un bon et a sorti toutes mes robes du placard. "Vas-y, essaie les, on va voir !" m'a t-il lancé. Je l'ai pris au défi avec un "d'accord, tu verras bien !"

J'ai passé une robe après l'autre devant lui. L'une après l'autre volait dans la chambre pour ensuite atterrir par terre ou sur le fauteuil. Celles trop serrées à la taille dans lesquelles je me sentais engoncée, celles que je n'arrivais plus à fermer en haut dont ma préférée, une robe à bretelle en tissu africain très coloré (je sais : appropriation culturelle), celles qui allaient encore en apparence mais que je sentais un peu juste, et finalement, celles de plage tellement large qu'on ne voyait pas la différence. "Tu vois qu'elles ne me vont plus, à part ces sacs de plage, tu veux en voir d'autres ? " lui lançai-je dans ma frénésie. Je voyais bien qu'il s'échauffait devant mes essayages.  "Oui, oui vas-y! "me répondit-il. "Mets aussi des bottes !"  "Ok, mais ça ne changera rien aux robes," dis-je, prise au jeu. Je me suis précipitée au placard pour sortir une paire de bottes que je n'avais pas mise depuis 10 ans. Des bottes à talon aiguille en cuir vernis noir qui ne sont pas vraiment mon style mais que j'avais achetées en soldes à cause du prix intéressant pour la marque. Je suis revenue avec les bottes et une robe plus courte qui m'allait encore tout en continuant ma litanie sur ma prise de poids. "Mais de quoi tu te plains? ?"me dit-il. Ici lecteurs, je vous ferme la porte de ma chambre, je ne raconterai pas la suite car elle ne regarde que mon mari et moi. Je peux juste vous dire qu'il n'a pas remarqué que je n'arrivais plus à fermer les bottes jusqu'en haut (prise de poids aux mollets),  Du coup, j'en ai oublié l'écriture pour un moment.

 à suivre.....

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