Chronique romaine: une ville de plus en plus déserte

Hier matin, samedi, j'ai trouvée une Rome encore plus déserte que la veille. Peut-être parce que les quelques personnes qui travaillaient encore dans le centre historique sont restées chez elles dans les quartiers des alentours. C'est bien connu à Rome que les résidents ont déserté le centre devenu trop cher pour les quartiers à la périphérie où la vie citadine se déroule à présent. Les divers flashmob organisés en sont la preuve: dans ces quartiers tout le monde répond à l'appel au balcon en chantant ou en applaudissant en fonction de l'appel du moment. Ces flashmob qui circulent sur les réseaux sociaux appellent à chanter l'hymne national à la fenêtre ou au balcon à une heure précise, à jouer un morceau de musique ou à applaudir le personnel hospitalier qui travaille sans relâche à la lutte contre le virus. Dans mon quartier du centre, ce n'est que silence. Les marchés sont la seule manifestation de vie qui nous reste. Sur la piazza San Cosimato à Trastevere où je me suis rendue vendredi matin pour acheter du poisson frais, il y avait encore du monde, à tel point que les Carabinieri étaient sur place pour surveiller si les personnes respectaient la distance d'un mètre entre elles ou si elles n'en profitaient pas pour se rencontrer furtivement et bavarder devant les étalages. Les maraîchers portaient bien gants et masque pour servir, mais en regardant la scène de loin, on avait l'impression d'une journée ordinaire plutôt que d'une quarantaine imposée dans une situation d'urgence. Les Italiens sont grégaires, même enfermés chez eux, ils trouvent un moyen de se regrouper. Quand j'ai posté les photos de ce marché, une de mes amies qui vit dans le nord de l'Italie a tout de suite réagi: la semaine prochaine, ces marchés seront fermés, a-t'elle écrit dans un commentaire, ils ont fait la même chose chez nous en Ligurie. Bientôt, il ne restera plus rien de vie dans les rues de Rome.