Je n'ai pas voté aux dernières elections legislatives de la 8ème circonscription des Français à l'étranger, celle qui recouvre l'Italie, le Vatican, Saint-Marin, Malte, la Grèce, Chypre, la Turquie, Israel et les Territoires Palestiniens.
Je fais partie des quelques 85 pour cent de citoyen.es français.es de la Péninsule à ne pas s'être exprimé.es. Pour cause, je n'ai jugé aucun des programmes valables, et plutôt que d'élire un.e véritable représentant.e démocratique, j'ai eu le sentiment qu'en votant, je faisais avancer la carrière personnelle de certain.es candidat.es dans un grand jeu politique qui ne vise que l'assise au pouvoir de certains groupes.
D'ailleurs, d'après ce que j'ai compris des divers tracts politiques distribués, aucun.e des candidat.es ne vit dans un des pays de la circonscription. Ils se sont limités pour la plupart à y faire des séjours. C'est une déduction personnelle à la lecture de ces médiocres tracts, vu que la question est laissée sous silence ou esquivée dans un flou littéraire digne des techniques courantes de communication écrite. Ce n'est pas une condition du scrutin, mais ça peut l'être en matière de proximité avec ses élu.es, car si l'on vit ce qu'ils vivent, on est plus à même de les représenter.
Dans les programmes, j'ai trouvé particulièrement rebutant le soutien d'un des candidats (Meyer Habib) à Jerusalem comme capitale indivisible de l'Etat d'Israel, surtout pour la 8ème circonscription qui englobe aussi les Territoires Palestiniens.
Pour le reste des programmes, tout aussi vides de substance, on propose notamment un accès facilité à l'éducation supérieur, une non-question vu que nos enfants, en majorité scolarisés dans les lycées français, postulent sur Parcours Sup comme leurs camarades dans l'hexagone.
Les questions de double imposition, de cotisations pour la retraite, et d'accès à la santé y sont aussi mentionnées. Elles touchent surtout les expatriés français envoyés par une société française à l'étranger et donc forcément de passage. Pour les autres, à partir du moment où l'on choisit de s'installer dans un pays tiers, on se soumet à son système, avec les avantages et les inconvénients qu'il comporte. Et donc je ne comprends pas en quoi, la double-imposition pourrait concerner les citoyens français établis dans un autre pays de l'Union Européenne, la règle en vigueur spécifiant qu'il n'y a pas double-imposition entre Etats européens. Pour les pays tiers, les traités bilatéraux s'en chargent. Ce point n'a pas été clarifié plus en détail non plus.
Et puis, dans un discours plus philosophique, quand on part à l'étranger, ce n'est pas pour déplacer la France avec soi mais pour élargir son champs de connaissances et s'ouvrir à d'autres façons de penser et d'autres modes de fonctionnement. On gagne en ouverture, on perd en profondeur puisque le lien avec la France devient plus ténu. Comment alors se sentir représenté.e par une rhétorique étroite et limitée dans ses propositions? Non, à la place, on se sent manipulé.e dans sa citoyenneté car notre scrutin, en ajoutant des voix, sert à faire avancer une carrière, sans qu'une véritable représentation soit nécessaire car on ne sera jamais aussi concerné.e que nos compatriotes vivant sur le territoire français.
Pour ces raisons, je n'ai pas voté.