Chronique romaine: recommencer autrement

Première journée de sortie prolongée depuis la fin du confinement, au cours de laquelle j'ai eu l'occasion de bavarder avec toutes les personnes que j'ai croisées, mes voisins du dessus, d'autres parents, certaines connaissances du quartier, etc...Tout le monde a la même impression curieuse de décalage horaire, on essaie de reprendre le cours des choses interrompues en mars, sauf qu'on n'est plus en mars mais en mai et on en est désorienté. Un peu comme si on avait fait un fast-forward et sauter deux mois de notre existence pendant lesquels nous étions dans une autre dimension, en voyage insolite à l'intérieur de chez nous. La plupart des gens que je rencontre ici ont eu une expérience plutôt positive de la quarantaine, ils ont réappris à vivre leur maison et à apprécier leur espace intérieur, ils se sont découverts de nouveaux talents ou ont simplement fait une pause, forcés qu'ils étaient de ralentir. Les parents qui appréhendaient la présence constante de leurs enfants ont été surpris de les voir réagir aussi bien. Eux aussi ont apprécié de ne pas avoir le stress de se précipiter à l'école tous les matins. Ils pouvaient tranquillement déjeuner avant de se connecter en ligne, jouer quand ils en avaient envie et participer à la préparation du déjeuner et du diner de famille. Nous ne nous rendions pas vraiment compte de l'ampleur de la pression à laquelle sont soumis nos enfants dans la frénésie de nos modes de vie. A la sortie, on sait qu'il y aura des conséquences négatives sur beaucoup d'activités économiques mais on n'y pense pas encore et on ne les voit pas encore, on vient juste de sortir. En optimistes, on essaie de se concentrer sur les effets positifs que ça pourrait avoir si nous sommes prêts à recommencer autrement.