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Journaliste (ex-reuters) et auteure indépendante basée à Rome, je vis et travaille dans plusieurs langues et cultures

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Billet de blog 24 septembre 2022

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Les élections sont presque là...

L'Italie en attente de la grande élection nationale du 25 Septembre 2022 où la classe politique pourrait être secouée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 On dit souvent que l’Italie a 10 ans d'avance sur ses voisins et que c'est toujours elle qui ouvre la voie aux changements en bien ou en mal, comme l'a montré l'exemple de Mussolini avec le fascisme en Europe, ou celui de Berlusconi avec le business au pouvoir. Alors que nous réserve demain?La candidate de super droite, Giorgia Meloni, qui rompt avec les codes de l'establishment et à qui on donne toutes les chances d'être élue le 25 septembre, n'arrête pas son ascension dans les sondages.

 Vu de l'extérieur, on peut le concevoir. Elle est jeune, c'est une femme, ancienne journaliste, elle a un parler franc et direct (sans aboyer comme son homologue française), elle dit ce qu'elle pense sans ambiguïté ce qui résonne d'autant plus chez des Italiens qui en ont assez de voir leurs hommes politiques s'enrichir sous couvert de discours démagogues alors que pour eux la vie quotidienne devient de plus en plus difficile.

  En effet, les salaires sont ultra bas, les aides de l'État inexistantes, les possibilités d'emploi réduites quand on n'est pas connecté, le marché du travail statique tandis que le coût de la vie continue d'augmenter. A part une élite privilégiée, L'Italie est un pays en voie d'appauvrissement. Pour remplir les caisses, l'État vend les biens publics à des sociétés étrangères, des injections qui permettent de combler momentanément les trous.  

 Je me promène dans Rome et je vois des routes mal-entretenues avec des trous si profonds que les pneus en claquent. Je vois des poubelles qui débordent et qui empestent avec les chaleurs de l'été, je vois de plus en plus de gens à mendier dans la rue ou aux feux rouges, souvent des hommes et des femmes sans travail autour de la soixantaine. Je remarque des employés au visage tendu de colère ou éteint de résignation aux caisses de supermarché parce qu'ils savent qu'après le 15 du mois, les soucis financiers reviendront. Je vois de plus en plus de sociétés de crédit instantané ou d'achat d'or contant qui remplacent les négoces traditionnels.

 Dans les partis plus libéraux et centristes, on prend les mêmes et on recommence. Enrico Letta est en tête de liste du Parti Démocratique, un grand parti du centre-gauche. Il était Président du Conseil en 2013, se souvient-on de lui ?  L'Honorable Emma Bonino, une femme à la carrière remarquable, ancienne députée européenne et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Letta, se présente au nom du parti pro-européen, More Europe (le choix de l'anglais serait-il gage de modernité ?). Mais n'incarne-t-elle pas un monde qui n'existe plus, celui des intellectuels italiens de la deuxième moitié du 20ème siècle aux grandes idées fédéralistes européennes, dont Altiero Spinelli fut l'un des plus éminents représentants ?

 Pour les citoyens les plus démunis, il y a trop de décalage entre ces idées et la réalité de ce qu'est devenue une Union Européenne dans laquelle leur voix n'a pas beaucoup de poids. Alors comme ailleurs, les voix les plus extrêmes s'immiscent dans cet interstice et encouragent le pays à se replier sur lui-même. Évidemment, aucun des partis n'a la solution miracle, leurs programmes flous le montrent bien. Sans vision claire de l'avenir, on s'accroche à la rhétorique et au populisme.

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