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Billet de blog 23 février 2021

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Fragment d’un coup d’état J.22

Birmanie jour des 5 deux : des milliers de Birmans envahissent les rues de Yangon.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

22/2/2021, journée des 5-2 en référence aux milliers de victimes du 4-8, lors des manifestations du 8/08/1988. Dernier jour pour que les fonctionnaires signent le protocole diligenté par l’armée de cesser leur adhésion au CDM (mouvement de désobéissance civile).
8H30 les manifestants arrivent de tous les alentours de Yangon.   Certains on fait plusieurs heures de routes : agriculteurs, vendeurs ambulants, étudiants, avocats, médecins, banquiers, infirmières, fonctionnaires, commerçants tous unis pour le même combat.

Direction Myanmar Plaza l’un des plus grands malls de Yangon, situé entre la grande Avenue Kaba Aye Pagoda road et le quartier Yankine, à 15mn au nord du centre-ville, où quelques jours plutôt étaient encore postés militaires et blindés.

Au loin résonnent klaxons, chants et slogans. Voitures, motos, minibus free ride pour l’occasion et plusieurs centaines de marcheurs ont envahi routes, trottoir et parcs.

Certains sont dans les coffres des véhicules. Les plus téméraires sont perchés sur les toits des voitures ou dans les bennes des camions, et surplombent ce capharnaüm.

Sur la grande avenue, une multitude de bras pointent vers le ciel, à travers les vitres des voitures, à deux ou trois sur les motos. Dans cette cohue, les drapeaux rouges reflètent la lumière du soleil. Le pèle mêle des voitures, marcheurs, vélos, motos, bloquent les intersections créant des embouteillages de plusieurs kilomètres

L’apparent désordre cache une organisation sans faille, les cortèges se succèdent les uns aux les autres, sous les applaudissements des autres manifestants.

Assis devant la grande entrée du Myanmar Plaza, un immense tapis de manifestants entonne des chants par intermittence.

L’acoustique du lieu amplifie ces voix qui chantent à l’unissons. L’intensité et l’énergie qui se dégagent de la foule provoquent une émotion épidermique.

Depuis l’annonce du coup d’état les protestations perdurent, malgré les arrestations en masse de journalistes, enseignants, médecins, artistes, leaders... par des uniformes qui surgissent dès la tombée du jour.

Les écarts de violences de la junte qui ont fait trois victimes depuis le conflit, les avertissements de l’armée, qui la veille annonçait qu’elle n’hésiterait pas à réagir aux confrontations des manifestants. La détermination des Birmans n’a pas faibli pour laisser place à la peur. Engagés dans cette révolte pacifique où l’imagination, la créativité des affiches, les slogans, et les happening teintés d’un humour désarmant, forcent l’admiration. Aujourd’hui dans toutes les villes du pays ils sont plusieurs milliers.

‘’L’élection n’était pas frauduleuse votre existante l’est’’ peut-on lire sur certaines pancartes.

Là des sourires sur des visages fatigués par ces 22 jours de révolte. Ici, un reporter au centre de la foule, camouflé par un chapeau et un foulard noir. Dans les parcs, des groupes assis dans l’herbe, sous des petits palmiers pour se protéger de la chaleur. Épuisés, certains s’endorment, à l’ombre d’une affiche au slogan revendicateur, posée sur le visage. Demain ils recommenceront... 

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