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Billet de blog 14 mars 2016

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Je suis un faisan

Confiteor, je suis un faisan, et la somme de mon inculture est tellement crasse que M. Valls et consorts - de Gattaz à Macron - ont raison d'insister dessus.

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Confiteor, je suis un faisan, et la somme de mon inculture est tellement crasse, mes opinions tellement dictées, mes réflexions tellement soufflées par quelques barons noirs, que M. Valls et consorts - de Gattaz à Macron - ont raison d'insister dessus.

Arrivé dans ma trentaine il y a peu, je suis un perdreau de printemps ; il y a 10 ans déjà, j'étais manipulé pendant les grêves du CPE, et mes yeux scillés par la manipulation ne voyaient pas ce que la loi sur l'égalité des chances avait de bénéfique pour moi. J'avais le culot de prétendre avoir compris deux trois trucs sur le travail en général en tirant des palettes dans la grande distribution, puis par la suite, en rangeant ces palettes dans des rayons, et par trois fois, en pleine période de Noël, en jetant des amoncellements de choses qui n'avaient pas été consommées sur ces même palettes dans des bennes à ordure. 

Mais je m'étais trompé. Je coûte de l'argent aux patrons, qui sont bien sympathiques de faire l'effort de m'embaucher

J'ai perdu quelques années par la suite à coûter de l'argent à des patrons qui faisaient le surhumain effort d'accepter que j'emploie mes compétences à leur service, le tout pour un SMIC proposé à des taux usuraires, dans un 39h sans RTT, sans doute pour m'épargner les vices que l'on associe souvent à l'oisiveté.

Mais lorsque mon dernier patron a vu que toutes les tentatives qu'il faisait à mon égard pour m'amener à m'améliorer dans mon emploi, par de sages conseils répétés, par des entrevues courtoises, par des coups de téléphone fréquents, par des incitations sympathiques à travailler plus, il a du se résoudre à solliciter que je quitâsse ce poste dans lequel je lui coutais bien trop cher... Periode que j'ai l'outrecuidance de qualifier de harcèlement moral, sans doute à cause cette doxa ouvrierisante martelée par les manipulateurs de tous crins ! 

Dieu merci, une période de chomage au cours de laquelle j'ai abusé des largesses de l'etat à su me dresser à la saine compétitivité, le tout dans une atmosphère absolument pas pesante, lors de laquelle les doigts de pied écartés dans mon hamac j'attendais que tombe les dispendieuses prodigalités à hauteur d'environ 900 euros dont l'assurance chomage me nantissait.
Ces prodigalités ne suffisant pas à assurer mon train de vie totalement dispendieux (pensez vous, j'habite au CENTRE VILLE d'une ville de province) j'ai trouvé un emploi tout à fait sain au cours duquel mon nouveau patron me conseillait sur des nombreuses choses concernant ma vie (mes goûts vestimentaires, ma coiffure, mes chaussures) lors d'heures revigorantes passées en extérieur à compter des voitures entrant et sortant d'un parking. 
Et désormais, vivant totalement aux crochets de la masse grisâtre de l'état, puisque nanti d'un CDD renouvelable de contractuel de la Fonction Publique Territoriale, j'ai eu l'outrecuidance de me mettre en greve, tout ça pour un texte dont M. Valls m'assure qu'il est fait pour protéger mes droits. Je suis sans doute trop gâté, c'est un fait. Cette loi, si je l'ai lu ? Oui. Alors je ne l'ai sans doute pas comprise, me dit on. Je coûte cher, je ne suis pas assez employable, j'ai la déplaisante habitude d'exiger le respect des prébendes que certains qualifient de droit du travail,  je ne suis pas flexible, je ne sais pas m'adapter... J'ai l'impression d'être en colère, mais en fait, je suis manipulé par la gauche archaïque, je suis un vrai pigeon, un faisan, un gibier à plumes coincé au XIXe siecle.

Mais vous savez le pire ?

J'ai le droit de vote !

Et je vais leur mettre profond !

Salaud d'pauvre !

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