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Billet de blog 1 décembre 2017

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Le tourisme profite-t-il à Madagascar ?

La grande île de Madagascar est une destination touristique prisée mais on peut s'interroger sur les méfaits du tourisme.

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Madagascar, île immense dans l'Océan Indien, de la taille de la France, compte 24 millions d'habitants. Avec un PIB/habitants de 401$ (2016), c'est l'un des 10 pays les plus pauvres de la planète, 9 personnes sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Du fait de cette grande misère, des maladies et du manque d'infrastructures, Madagascar n'accueille que 293000 touristes par an, ce qui la classe au 164ème rang mondial. Néanmoins, l’île bénéficie d'une aura qui attire de nombreux voyageurs en quête de paysages authentiques. Madagascar est connue pour la richesse de sa faune et de sa flore, dont bon nombre d'espèces sont endémiques. Aujourd'hui, le tourisme est l'un des secteurs qui génèrent le plus d'emplois (avec l'agriculture et la construction). Le secteur touristique est donc une source de devises importante pour le pays. Les visiteurs sont à 70% français.

Mais le tourisme à Madagascar connaît une variante qui semble se plus en plus importante : le tourisme sexuel. En effet, l'île s'affirme désormais comme une Thaïlande bis. De nombreux occidentaux ne viennent à Madagascar que pour profiter de la compagnie de jeunes filles. La pauvreté extrême pousse les jeunes malgaches dans les bras de ces touristes qui profitent ainsi de la misère humaine et du manque de contrôle de l’État. Nosy Be (nord-ouest) est devenue une destination phare du tourisme sexuel et on estime que 70% des femmes de l'île s'adonne de façon plus ou moins régulière à cette activité. Si le chiffre est impressionnant, la réalité sur place l'est tout autant et on est surpris de voir – à Ambatoloaka notamment – le nombre de vieux Européens bedonnants se promenant avec de jeunes malgaches dont certaines ne sont pas majeures. Car avec la banalisation de la prostitution, on voit aussi se propager la pédophilie. La jeunesse malgache est touchée de plein fouet par ce phénomène et selon une étude menée en 2012, 42% des jeunes de Nosy Be ont connu leur première relation sexuelle dans la prostitution.

La pratique est donc banalisée et Madagascar est devenue une destination sexuelle. Non seulement cette dérive ne résout pas les graves problèmes de pauvreté qui touchent le pays mais elle en génère d'autres comme la propagation des MST, l'isolement des jeunes filles qui pratiquent la prostitution, l'abandon des enfants nés de ces unions... Si le tourisme est une source importante de revenus pour Madagascar, le revers de la médaille est lourd de conséquences.

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Sur la route à Nosy Be © Damien Gautreau

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