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Billet de blog 15 avril 2024

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L'île de la Réunion en difficultés

L’île de la Réunion, l’île Maurice et Rodrigues composent l’archipel des Mascareignes, longtemps disputé entre Anglais et Français. Ces îles se trouvent dans l’Océan Indien, à l’Est de Madagascar.

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En 2021, 871 200 personnes vivent à La Réunion, ce qui en fait, de loin, le territoire ultramarin le plus peuplé. La population augmente en moyenne de 0,4 % par an, une croissance moins importante que par le passé. Le solde migratoire étant négatif, c’est le solde naturel qui est le moteur de la croissance démographique. La densité de population est de 343 habitants par km2, une des plus élevée de France, plus que l’Hérault, la Gironde ou l’Isère. La ville de Saint-Denis compte environ 155.000 habitants, celle de Saint-Paul 105.000, Saint-Pierre en compte 85.000 et Le Tampon environ 80.000. La population se concentre principalement sur le littoral.
La population à la Réunion augmente quasiment sur le même rythme qu’en France métropolitaine. Alors que la Guadeloupe et la Martinique perdent de la population et que Mayotte et la Guyane connaissent une forte croissance démographique, la Réunion est donc un cas particulier dans l’Outre-mer français, bien plus proche des dynamiques nationales.

Des difficultés économiques
La balance commerciale de la Réunion est très largement déficitaire avec 6.2 milliards d’euros d’importations pour seulement 376 millions d’euros d’exportations. La grande majorité des échanges se font avec la France et l’Europe et la Réunion n’est que faiblement intégrée à son environnement régional.
L’économie de la Réunion repose sur deux piliers, le tourisme et l’agriculture. Cependant l’agriculture tropicale est en crise. Les cultures de fleurs (géranium), de vanille, de café ou de bananes souffrent de la concurrence régionale ou mondiale. De même pour la canne à sucre, destinée à la fabrication de sucre et de rhum, qui peine à concurrencer la production des Antilles. La Réunion exporte aussi du poisson.
L’emploi public constitue une part importante à la Réunion, avec plus de 80.000 fonctionnaires, c’est 1 emploi sur 3. Le taux d’administration est très élevé, avec 94 emplois publics pour 100.000 habitants, c’est le troisième de France derrière la Martinique et la Guadeloupe. L’Éducation Nationale y a une part plus élevée que dans l’hexagone. La salaire des fonctionnaires est majoré en Outre-mer, cette majoration est plus importante à la Réunion que dans les autres DROM.
Le taux de pauvreté est inquiétant, c’est le plus élevé de France après Mayotte et la Guyane. 36% des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage est lui aussi élevé, avec 18% contre 7.5% de moyenne en France. Cependant, la dynamique est positive car le taux de chômage était de 24% sur l’île en 2018. Le niveau de vie médian est de 16.520 euros alors que la moyenne nationale est de 22.320. C’est plus que la Guadeloupe mais moins que la Martinique. Comme pour les autres territoires ultramarins, le PIB/habitant est largement inférieur à la moyenne française.

Une relation particulière à la nature
La Réunion est une île paradoxale, à la fois tournée vers la nature, qui constitue le point fort de l’île, mais qui fait aussi face à des problématiques environnementales importantes. La Réunion a perdu 70 % de ses espaces naturels en 350 ans. Aujourd’hui, 41 % des espèces de la flore indigène sont menacées de disparition. L’île est aussi en proie à de nombreuses espèces invasives, tant animales que végétales. Des espèces emblématiques de l’île ont à jamais disparu, à l’image du Solitaire de la Réunion, longtemps confondu avec le dodo (Dronte de Maurice). Cet oiseau de 3kg disparait au début du XVIIIème siècle. Un autre exemple marquant est la façon dont est traitée la “crise requins” à la Réunion. Les autorités financent le massacre des squales, y compris des juvéniles et des femelles pleines. une gestion de crise irresponsable qui impacte de nombreuses espèces marines autres que les requins tigres et bouledogues et qui témoigne d’un rapport particulier à la nature.
Le Piton de la Fournaise, puissant volcan qui rythme la vie des habitants du Sud de l’île, mérite le détour. Il est l’une des raisons du surnom de l’ancienne île Bourbon qui se veut désormais “île intense”. En effet, il est l’un des volcans les plus actifs de la planète et ses éruptions sont spectaculaires. Le Piton de la Fournaise attire de nombreux curieux et passionnés qui peuvent même en faire l’ascension jusqu’à l’imposant cratère Dolomieu, lequel culmine à 2620m.
La surface du couvert forestier totalise 120 000 hectares soit 45% de la superficie de la Réunion. L'essentiel des forêts se trouve au centre de l’île. Le pourcentage est similaire à celui de la Guadeloupe (44%) mais loin devant celui de la France métropolitaine dont le couvert forestier est de 31%. Il faut cependant relativiser ce chiffre, qui concerne essentiellement des espaces peu peuplés et masque l’importante artificialisation des sols sur la zone littorale.

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Les difficultés économiques de la Réunion © Damien Gautreau

Située dans l’Océan Indien, la Réunion est un territoire attractif qui attire des visiteurs à la recherche d’une destination “nature”. Les nombreuses randonnées, les cascades, le canyoning, le parapente, le surf et autres activités de pleine nature sont les moteurs du tourisme sur l’île de la Réunion. Avec environ 500.000 visiteurs par an, la Réunion est loin derrière les îles des Antilles ou encore ses concurrents locaux comme Maurice ou les Seychelles. Le tourisme génère néanmoins 15.000 emplois directs sur l’île.

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