Mayotte, 240.000 habitants, est officiellement un département français depuis 2011. Pourtant, un grand nombre de problèmes demeurent : transports, gestion de l'eau et des déchets, insécurité, santé et éducation. Ce dernier point est particulièrement important car il concerne directement l'avenir de l'île. Alors que 45% de la population a moins de 18 ans, le nombre de jeunes scolarisés a augmenté de 80% en seulement 10 ans. A la rentrée 2016, on a dénombré 2700 élèves en plus et on en attend 2800 supplémentaires pour la rentrée 2017. Pourtant le nombre d'établissements du secondaire est clairement insuffisant, seulement 10 lycées (filières générales, technologiques et professionnelles confondues) sur l'ensemble du département. Ces derniers sont donc surchargés et de nombreux élèves se retrouvent à la rue par manque de place. Il en est de même pour les collèges, tous classés en REP1, qui affichent des effectifs impressionnants : de 1000 à 2000 élèves par établissement. Le collège de Doujani est le plus fréquenté de France. Le rythme des constructions n'arrive pas à suivre celui de la croissance démographique.
Qui dit plus d'élèves, dit plus de professeurs. C'est bien là le problème. L'académie de Mayotte peine à recruter. Le manque de titulaires est croissant, et ce malgré des avantages salariaux. Il y a moins de professeurs entrants que sortants. De plus, l'île ne compte qu'une cinquantaine d'agrégés. Pour pallier ce manque, le vice-rectorat fait appel à un nombre considérable de professeurs contractuels. Ceux-ci sont recrutés localement à bac+2 et n'ont donc pas forcément les qualifications nécessaires (les titulaires ont désormais un bac+5). Le vice-rectorat cherche même à en recruter en métropole en offrant une prime à l'installation de 10.000 euros. A la rentrée 2017, le nombre de professeurs contractuels devrait dépasser celui des titulaires, cas unique en France.
La violence est très souvent présente dans les établissements scolaires. Les rixes entre jeunes de villages rivaux sont fréquentes et s’accompagnent de coups de marteau ou de chombo2. Récemment, c'est le collège de M'Tsangamouji, dans le nord de l'île, qui a été le théâtre d'affrontements à l'arme blanche. Avant lui c'était le cas du collège de Chiconi qui, en février, a reçu la visite de jeunes venus agresser des élèves dans leur salle de classe. Ces faits, d'une extrême violence, ne sont pas isolés et tendent même à se banaliser. A cela s'ajoute parfois des locaux vétustes. C'est pourquoi les professeurs du lycée de Chirongui ont exercé leur droit de retrait, protestant contre des conditions de travail inadaptées (inondations, absence d'alarme incendie...).
Les syndicats sont bien sûr mobilisés, et ce pour l'ensemble de la scolarité, à l'image de l'école primaire. Pour le premier degré, les inspecteurs de l’Éducation Nationale, habituellement discrets, dénoncent dans un communiqué : « un système éducatif défaillant ». C'est donc toute la profession qui appelle l’État à assumer son rôle et offrir à Mayotte un système éducatif digne d'un département français, en construisant de nouveaux établissements, en rénovant les plus anciens et en améliorant l'attractivité du territoire pour en finir avec la crise de recrutement.
1Réseau Éducation Prioritaire
2Sorte de machette locale
 
    Agrandissement : Illustration 1
 
                     
                 
            