Dès l’annonce du confinement, le 16 mars au soir, et jusqu’au lendemain midi, notre capitale est le théâtre d’un exode urbain qui relègue au rang d’anecdotes les monstrueux embouteillages hebdomadaires du week-end. Plus d’un million de personnes, dont très peu de smicards, s’entassent dans les voitures et s’agglutinent dans les gares pour fuir en quelques heures la promiscuité parisienne et jouir d’un salutaire isolement campagnard propice au désormais sacro-saint télétravail. Bon, il est préférable et même indispensable d’être propriétaire d’une résidence secondaire ou d’avoir une aïeule, même édentée – une lointaine cousine peut convenir - ne sachant pas comment utiliser les chambres inoccupées de la désormais trop grande ferme familiale puisque les enfants sont à la ville et pépé est au cimetière. Ce 16 mars 2020, donc, c’est un peu comme si notre général-en-chef- suprême-autoproclamé avait lancé :
- Gueuses, gueux, la fin du monde, c’est pour demain à midi, si vous voulez en réchapper, c’est maintenant !
Notre ami Corona n’en demandait pas tant ; quoi de plus facile pour se reproduire que de squatter une fourmilière humaine ? S’il pouvait parler, je pense même que Coco 19 aurait clamé : Régions de France encore vierges de ma semence, me voilà !
Notre pays est donc en guerre, c’est MANU 1er qui l’a dit. Et pour celle-ci comme dans toutes les autres, il faut des héros. L’Histoire, celle des livres d’écoles ou d’universités, celle qui reste comme un précieux savoir à transmettre, aurait pu choisir, osons l’imaginer, de glorifier l’ensemble de nos dirigeants politiques et scientifiques, du roi magnifié dans sa sublimité au plus playmobilisé des députés de la majorité en passant par le plus médiatisé des médecins-spécialistes, ceux-là-mêmes qui œuvrent sans relâche pour endiguer ce péril jaune qui vient jusque dans nos bras contaminer nos fils et nos compagnes, alors aux armes etc … Mais l’Histoire a parfois ses humeurs et aime à brouiller les cartes, fussent-elles d’état-major. Ainsi, ce sont les soignants qui se voient portés aux nues par presque tout un peuple se pressant chaque soir sur les balcons, ou aux fenêtres pour les moins bien lotis, pour applaudir ces femmes et ces hommes en blanc qui ne font pourtant que leur métier, certes beaucoup plus intensément, certes beaucoup plus dangereusement, mais qui auraient surtout apprécié, venant du troupeau national, les mêmes encouragements lorsqu’ils alertaient, pétitionnaient, manifestaient contre le manque de personnel, contre le manque de matériel, contre les suppressions des services d’urgence de proximité, contre les suppressions de lits, pour que les hôpitaux publics ne soient plus considérés comme des entreprises à faire du fric. Après tout juste un an d’intense mobilisation de ces soignants qui sont aujourd’hui au boulot et qui vont payer cher la destruction méthodique de leur outil de travail organisée par tous les gouvernements successifs depuis tant d’années, tâche homicide dans laquelle MANU 1er fait largement sa part, l’amertume ébrèche la satisfaction lorsque, chaque soir, à vingt heures pétantes, quelques minutes après le macabre décompte télévisé et présenté par Jérôme MONSALO, on voit sur nos écrans M. et Mme FRANCHOUILLARD applaudir à tout rompre pendant deux bonnes minutes. Certains, probablement victimes du syndrome des stades, plus couramment reconnu comme étant celui du supporter-bas-du-front », ajoute la voix à la gestuelle et hurlent des "Bravo", des "Hourra" et des "Merci" à s’époumoner. Il en est même qui s’équipent d’ustensiles de cuisine et tapent, tapent et tapent encore, le but étant bien sûr de faire le plus de vacarme possible, comme pour tenter de prouver que les soignants, eh ben nous, on les aime plus que les voisins !
Pathétique, me direz-vous ? Oh que oui ! Mais à qui profite le crime, comme on dit dans les polars ?

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Le 23 mars 2020 au matin, l’état d’urgence sanitaire est mis en place. Il permet de légiférer … sans légiférer, c’est MANU 1er qui décide de tout. Normal, c’est dans la constitution.
Le 23 mars 2020 après-midi, une ânerie sanitaire est mise en onde : "Faire ses courses avec un masque ne sert à rien". C’est Sibeth AÏE AÏE qui l’a dit. Normal, c’est dans la constitution.