Je viens de "tomber" sur un papier de M. MONDIALISATION évoquant la fameuse tribune parue dans Le Figaro et concernant le gros Gégé. Je me permets de le livrer ici parce que c'est, à mon avis, un très bon papier.
Tribune : CINQUANTE « STARS » PLEURNICHENT DANS LE FIGARO
POUR DEFENDRE DEPARDIEU
Le 10 mars 2022, Gérard Depardieu était mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles » suite à une plainte déposée par l’actrice Charlotte Arnould en septembre 2020.
S’y sont depuis ajoutées celle d’Hélène Darras et de la journaliste espagnole Ruth Baza. En avril 2023, 13 femmes ont témoigné auprès de Mediapart de violences sexuelles du « monstre sacré ». D’autres femmes l’avaient déjà dénoncé sans être entendue (au contraire) des années auparavant comme Emmanuelle Debever, décédée récemment ou Sophie Marceau, en 1985 déjà.
Mais si le nom de Depardieu est omniprésent ces derniers jours dans les médias, c’est en raison d’autres révélations diffusées par l’émission Complément d’Enquête ce 7 décembre : on y voit le comédien y tenir face caméra des propos obscènes envers les femmes, et en particulier une fillette à cheval. Devant la masse de réactions indignées sur les réseaux sociaux, tout un système médiatique s’est dressé pour le défendre, avec en point culminant, une tribune, « N’effacez pas Gérard Depardieu », publiée sur le site du Figaro.
Bien évidemment, la tribune dans le Figaro est PAYANTE. Peu de personnes, sauf les vieux réacs du Fig, l’ont lue. Mais le titre suffit à faire de l’effet et nombreux brandissent cette tribune comme un Joker pour défendre une personnalité accusée par 13 femmes qui a tenu, par ailleurs, des propos dégueulasses envers un enfant et de nombreuses femmes. Des stars qui protègent une autre star sur fond de propos pédo et de plusieurs affaires de viols et d’agression sexuelle, le tout dans le média de droite le plus réactionnaire de France. Ceci devrait être suffisant pour activer un minimum son esprit critique et questionner le vrai but de la tribune.
Tout d’abord, celle-ci est remarquablement courte. Quelques lignes à peine, même pas une page A4. Rien n’y est développé. On peine à accoler le mot « tribune » tellement c’est léger. Résumé : « Nous sommes des personnalités. On aime Depardieu. Si vous vous attaquez à lui, vous vous attaquez à l’Art (oui oui). Sans Depardieu, c’est la mort de l’Art, c’est notre mort. » Bref, l’apocalypse-now en France. Pour citer le texte « Souvenons-nous combien il a été merveilleux. » Merveilleux. Ils ont au moins la décence de le dire au passé. Enfin, il faut le dire vite. Dans une interview aux USA en 1977, exhumée par le Time en 1991, bien qu’il niera plus tard alléguant une erreur de traduction, l’acteur se vantait déjà très sérieusement d’avoir participé à de très nombreux VIOLS et qu’il n’avait aucun regret : « Il n’y a rien de mal à ça. Les filles voulaient être violées. » Il manquera l’Oscar en raison de sa position pro-viol. La France se fera discrète à ce sujet. On comprend pourquoi…
Car c’est bien ça le sujet. Depardieu, l’acteur que nous avons TOUS (même ses contradicteurs) aimé sur l’écran de cinéma a toujours été protégé, agressions après agressions, et qu’aujourd’hui, la coupe est pleine. La vraie question, c’est de savoir pourquoi il aura fallu tant de viols, tant de comportements et propos scandaleux, pour faire réagir les gens.
Certains aiment à rappeler que c’est « un homme comme les autres ». Il doit être traité comme tout à chacun. Très bien ! Oubliez un instant Depardieu. Demandez-vous honnêtement quelle serait votre réaction si on vous annonce que votre voisin Roger, un mec « bien », a été mis en examen (et pas juste accusé sur le web !), qu’il est appelé devant la justice dans deux affaires similaires, que 13 femmes de votre quartier témoignent de manière concordante, et, comme si ce n’était pas suffisant, vous avez des heures de vidéos de votre voisin Roger tenant des propos sexuels dégueulasses envers des femmes et une fillette de 12 ans. Affirmeriez-vous d’emblée qu’il est innocent, que c’est un type comme les autres, que les 13 femmes mentent ? Feriez-vous une tribune pour défendre ce très pauvre Roger ? Évidemment que non. Ce privilège est réservé à une caste qui se croit précisément au dessus des lois et du jugement, qui multiplie en privé des comportements atroces, oubliant un peu vite qu’être un bon acteur n’est pas un joker pour être une effroyable merde envers les femmes.
Mais est-il seulement désolé ? Non. Pas même des excuses. Au contraire, il assume d’être violent envers les femmes et ça s’en amuse, hier comme aujourd’hui. Depardieu « ne s’excuse pas de vivre, il se comporte à Pyongyang comme il se comporterait à Châteauroux » s’exprimait Yann Moix fin 2022 juste après la finalisation du documentaire dont des images seront finalement révélées par Complément d’Enquête. Retenez bien. Ce comportement envers une fillette coréenne et des femmes, c’est le même envers des Françaises. Et il n’y a pas des caméras en permanence avec lui. Quand on pense que le président en personne défend ça. Voilà qui laisse songeur au pays des Droits de l’Homme. Visiblement, pas le pays des droits des femmes (sans oublier la grande cause des quinquennats de Macron, n’est-ce pas ?).
Allons plus loin concernant cette « tribune » (enfin, ce texte de 20 lignes dont on se demande sérieusement si les signataires l’ont lu) fut rédigée par … Yannis Ezziadi ! Un polémiste virulent d’extrême-droite qui sévit notamment dans Causeur. Sa cible préférée ? Les femmes, le mouvement MeToo, les féministes … Surpris ? Évidemment que non.
Continuons. Cinquante « stars » ont répondu à l’appel. Principalement la vieille génération d’acteurs quand tout était permis. Mais qui représentent-ils si ce n’est eux-mêmes aujourd’hui ? Voilà un sophisme bien confortable qui nous fait oublier les centaines d’acteurs, bien plus nombreux, bien plus connus parfois, qui ont décidé DE NE PAS SIGNER ce texte aux relents misogynes. Voilà comment en un titre, on fait oublier ceux qui ne soutiennent pas l’acteur, ses agressions, ses comportements. À titre de comparaison, vous avez aussi des tribunes de quelques « scientifiques » climato-négationnistes, contre quelques dizaines sur des milliers de scientifiques qui font sérieusement leur travail. Soyons honnête, cette tribune ne représente pas le monde du cinéma. Elle représente au mieux, des potes et des proches d’un homme acculé par ses propres actions qui souhaitent le protéger en dépit de tout. En tant que proches, ils ne sont pas neutres. Ils sont dans le déni affectif, autant que leurs fans. Ils évoluent dans le même système et en sont les mêmes bénéficiaires. Une fois encore, on invisibilise les femmes, les autres voix, la masse des acteurs et actrices qui n’osent pas parler.
Enfin, la tribune peut se résumer en 4 mots : « Laissez faire la justice. » Mais quelle farce ! Quelle justice pour les femmes ? Les chiffres officiels : 1% des viols sont condamnés, 3% des plaintes pour viols sur mineurs aboutissent. L’écrasante majorité des femmes ne portent pas plainte et souffrent en silence. Mais voilà, « Les hommes ont peur » ose Yannis Ezziadi. Comme s’il y avait une quelconque chance que Depardieu soit jugé en justice avant la fin de sa vie, après tant de méfaits et d’excès, tout au long de celle-ci. Les vies détruites des femmes n’ont décidément pas la même valeur. La vraie victime, c’est l’agresseur, bien évidemment !
Quant à la justice. Vous pensez qu’elle existe pour les femmes de Corée du Nord ? Que sait-on exactement de ce qu’il s’est passé hors caméra ? Qu’il s’agisse des propos, du harcèlement, ou peut-être pire encore, il n’y aura aucun procès pour elles. De fait, le seul jugement en possession du public, c’est bien celui-ci de pouvoir juger par lui-même, en voyant les images, en écoutant les nombreuses victimes, bref, en observant en toute liberté d’esprit la réalité pure. Par ailleurs, pas un mot pour les techniciennes des plateaux de tournage, habilleuses, maquilleuses, et nombre de femmes « sans pouvoir social », victimes elles-aussi, comme le témoignent de nombreux travailleurs du cinéma . Tout le monde savait, dit-on ; « Tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu savent qu’il agresse les femmes » dénonçait Anouk Grinberg début octobre puis au micro de France Inter. Ces « inconnues » n’auront également droit à aucun procès, aucune tribune, zéro visibilité.
Alors arrêtons de faire comme si nous étions atteints de cécité sélective. Personne ne demande de « Cancel » Depardieu. C’est une tentative de victimisation d’un agresseur sexuel qui assume à de nombreuses reprises et publiquement ses comportements. Depardieu fête ses 75 ans. Il sait à peine marcher. Il a fait une longue carrière dans le cinéma. Soyons honnêtes un instant. Arrêtons de faire croire qu’il reste quoi que ce soit à Cancel de lui !
La réalité froide, ce sont d’innombrables femmes qui sont « Cancel », qu’on n’invite pas sur les plateaux, qui n’ont pas droit à la parole car elles n’ont pas tout le PAF dans la main. Les seuls qu’on voit partout, ce sont les potes puissants de Depardieu, le président en personne, Yann Moix, Hanouna, et une ribambelle d’éditocrates médiatiques qui, au nom de la célébrité, vont jusqu’à défendre des propos délirants ciblant un simple enfant. Et de ce vieux monde-là, puant la fange et les privilèges de caste, plus personne n’en veut. Nous voulons un monde où les femmes, les mères et les enfants puissent vivre et travailler en toute sécurité, indépendamment de leur niveau social, sans donner des droits divins à une minorité qui a médiatiquement bien réussi.
Voilà un argumentaire plus solide qu’une pseudo tribune à deux balles qui ne sert qu’à défendre un système malade qui ne veut pas mourir.