Daniel Bordur

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Billet de blog 2 juin 2012

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Il faut sauver la librairie Camponovo de Besançon

Il y a à Besançon, petite capitale régionale à la solide tradition universitaire, une librairie de référence comme dans de nombreuses villes moyennes du pays, la librairie Camponovo. Elle a résisté au laminage économique fatal à quelques unes de ses consoeurs des dernières décennies.

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Il y a à Besançon, petite capitale régionale à la solide tradition universitaire, une librairie de référence comme dans de nombreuses villes moyennes du pays, la librairie Camponovo. Elle a résisté au laminage économique fatal à quelques unes de ses consoeurs des dernières décennies. Il faut dire que c'est un lieu magique, un bel endroit, un labyrinthe avec un dédale de recoins et de passages plus ou moins secrets, de galeries et d'escaliers. Sur 1500 m2, ses 39 salariés conseillent, aident, orientent les clients au milieu des 90.000 références. « Campo » comme on dit à Besançon et dans toute la région, est la dixième des 450 librairies indépendantes du pays.

Mais depuis quelques semaines, les libraires de Campo n'ont plus le droit de commander un ouvrage pour satisfaire un lecteur ou réassortir les rayons. Depuis quelques jours, ils se battent pour ne pas disparaître, pour ne pas que pousse à la place une banque ou une enseigne de grande chaîne de restaurant qui achèverait de transformer la Grande rue en centre commercial à ciel ouvert.

Le propriétaire, un riche citoyen suisse, a décidé de vendre sa poignée de librairies en France. Il a surtout décidé de punir les salariés de Camponovo, coupables il y a quatre ans, d'avoir participé à un débrayage pour les salaires. A l'époque, il en avait licencié trois qui ont tous gagné leur procès aux prud'hommes. Un mouvement de solidarité s'était alors emparé de la ville, rien n'y avait fait. S'était cependant révélé l'attachement des Bisontins à Camponovo. C'est à se demander si en voulant liquider la librairie, le propriétaire ne veut pas punir aussi les habitants après avoir insulté les salariés qu'il a présentés comme un "nid de gauchistes", sans doute parce que certains sont syndiqués à Solidaires.

Aujourd'hui, le mouvement reprend, plus fort, plus réactif. Une manifestation réunissant salariés et lecteurs a eu lieu mercredi 30 mai, une autre est prévue jeudi 7 juin. Les élus locaux PS, FG, MoDem, UMP se sont mobilisés. Le maire a mis son poids dans l'affaire, menace à mots couverts d'actionner le droit de préemption. Le MoDem a lancé l'idée d'une SCIC, une société coopérative d'intérêt collectif, qui pourrait collecter l'argent que des citoyens engageraient pour participer au sauvetage. Il est question aussi de participation financière du Conseil général, en tout cas son bras financier, l'Agence de développement économique du Doubs, a été saisie.

Car une solution a bel et bien été posée sur la table. Elle émane d'un autre libraire indépendant de la région, qui a dirigé la librairie Camponovo il y a plusieurs années. Mais sa proposition est insuffisante aux yeux du propriétaire... qui avait déjà réfusé de lui vendre une librairie il y a une dizaine d'années à Pontarlier, alors que l'affire était quasiment conclue, en faisant monter les enchères...

Alors les salariés ont lancé un nouvel appel (http://www.jurandoubs.com/journaliste/social-societe/article/le-sos-des-39-salaries-d-une), cette fois au monde de la création, aux écrivains, aux éditeurs. Leur bataille est celle de toute une ville, une région, qui ne veulent pas que la culture soit une marchandise comme les autres.

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