La Cour d’appel de Paris vient de condamner l’ancienne présidente d’Act-Up pour injure à l’encontre de la manif pour tous pour avoir barré des affiches de l’association de l’inscription « homophobes ». Comme pour « équilibrer » la condamnation (par cette même Cour), pour incitation à la haine, de Christine Boutin pour avoir dit que «l'homosexualité est une abomination».
Les opposants au mariage pour tous et à l’homoparentalité disent ne pas être homophobes. Leur seule motivation serait le combat pour le droit de l’enfant à avoir un père et une mère. Situation d’autant plus grave que cette filiation hétérosexuelle constituerait, selon ces militants, le fondement même de la civilisation.
Pourtant, la filiation unisexuée et les familles monoparentales existent légalement depuis longtemps. En effet, la loi n° 66-500 du 11 juillet 1966 proposée et votée par la droite permet à un individu seul (homme ou femme) d’adopter un enfant de manière plénière et irrévocable. On aurait pu imaginer que des centaines de milliers de personnes seraient sorties dans les rues de France pour s’opposer à ce changement de civilisation consacrant la famille monoparentale. Et bien non, même à l’Assemblée nationale la discussion n’a pas eu lieu. A l’époque les conservateurs étaient bien plus préoccupés par la lutte contre la proposition de loi relative à la contraception. Aussi, lorsque le 3 janvier 1972, la droite met fin à la distinction des enfants nés au sein du mariage et hors mariage, dissociant ainsi filiation et alliance, aucune feuille du « printemps français » n’a bourgeonné.
La dernière grande réforme du droit de la filiation a eu lieu le 4 juillet 2005, celle-ci a été faite par ordonnance! Avez-vous aperçu des manifestations pour exiger un référendum (comme le voulait la manif pour tous lors du débat sur le mariage gay) pour cette atteinte à la délibération démocratique ? Non, tout simplement parce que personne ne s’est ému.
Si un enfant peut être adopté par un homme ou une femme seuls, pourquoi serait-il contraire à son intérêt d’être adopté par deux hommes ou deux femmes comme le permet la loi depuis 2013 ?
La seule réponse se trouve dans l’horreur que l’homoparentalité provoque chez les militants de la manif pour tous. Puisque depuis 50 ans le droit à une filiation exclusivement hétéroparentale (1 papa 1 maman) n’existe pas en France et que ces militants ne se sont jamais mobilisés contre toutes ces réformes permettant la filiation unisexuée, le moteur de la mobilisation anti-mariage pour tous n’était autre que l’hostilité à l’égard des homosexuels. En 1999, beaucoup des militants de la manif pour tous étaient déjà dans les rues contre le pacs en scandant des slogans tels que « pas de neveux pour les tantouses » et lorsque Act-Up déroulait une banderole «Homophobes» sur la façade du palais de Chaillot, les manifestant criaient: «Les pédés au bûcher.» Quelques années plus tard, lors du mariage entre deux hommes célébré à Bègles par Noël Mamère, ces mêmes militants anti-LGBT brandissaient un panneau : « Hier le PACS, aujourd’hui le mariage et l’adoption, demain l’inceste et la pédophilie».
Si, l’homophobie s’est policée depuis qu’elle est condamnée pénalement, comme le racisme et l’antisémitisme, les nouvelles formes qu’elle prend ne la rend pas, pour autant, moins violente.
Puissance force qui, depuis les premières dispositions mettant fin à la pénalisation de l’homosexualité en 1982 jusqu’à l’adoption du pacs en 1999 et le mariage pour tous en 2013, en passant par le mariage de Bègles en 2004, l’homophobie n’a jamais cessé de déployer sa violence envers les gays, les lesbiennes et leurs familles.