Jean Leonetti vient de « révéler » les conclusions de sa mission d’évaluation de la loi de 2005 sur la fin de vie, dite loi …Léonetti.
Je ne mets aucunement en cause la qualité des auditions, en tout cas de celles que j’ai vues à la télé. Mais la médiocrité des problématiques et la maigreur des conclusions m’atterrent compte tenu de l’importance des enjeux. Une seule proposition : l’observatoire des conditions de fin de vie. Même la présentation de cette idée est intolérable, à ceux qui viennent d’accompagner la mort d’un être cher. Une voisine qui vient d’assumer celle de son père, médecin anesthésiste, a été révulsée par cette annonce.
Autant d’auditions pour maintenir le statu quo, j’en suis peiné pour l’auteur, dont la partialité éclate quand il évalue les situations Néerlandaises et Belges. Pour démontrer mon affirmation, je vous offre les trois derniers paragraphes de la Postface d’un petit livre écrit par l’équipe de l’hôpital de Middleheim du réseau hospitalier d’Anvers, équipe en charge des soins palliatifs et de l’euthanasie.
« Toute demande d’une mort digne n’est discutable qu’au moment où deux histoires se rencontrent. Pour le médecin, c’est la fin d’une histoire médicale, celle de la maladie de son patient. Pour le patient, il s’agit de beaucoup plus. C’est la fin de l’histoire de sa vie avec ses maladies, mais surtout avec ses souvenirs, ses espérances, ses illusions. Où place-t-il toutes ces émotions autour de l’adieu, de l’espoir, de la souffrance et de la joie ?
Dans ce recueil de récits, la relation médecin-patient dépasse le coté professionnel pour devenir une authentique relation humaine. Le médecin ne peut pas se cacher derrière sa formation professionnelle ; ici, il est testé sur ses valeurs humaines. En utilisant les mots du philosophe Martin Buber, cela devient une relation je-tu, dans laquelle l’un est dépendant de l’autre. En même temps, c’est un encouragement à un dialogue intime qui doit permettre tant au patient qu’au médecin à faire le bon choix. La construction d’un tel dialogue exige de la sincérité, de l’honnêteté et le courage de se montrer vulnérable. Ainsi se découvrent les valeurs communes qui amènent à un engagement. Ceci exige un équilibre délicat entre la réserve professionnelle et l’engagement humain. La clé d’une bonne relation est le respect. Le respect est un mot réciproque. Le respect appelle le respect et il ne peut exister sans le respect de soi.
Dans le dialogue sur une mort digne, les soins palliatifs et l’euthanasie sont des choix complémentaires. Dans le cas des soins palliatifs, il s’agit d’un dialogue lénifiant dans lequel le patient trouve la force de continuer. Dans le cas de l’euthanasie, il s’agit d’un dialogue libérateur au cours duquel le patient trouve le courage de mettre une limite à ses souffrances et éventuellement à sa vie. Ce sont des décisions difficiles et courageuses à prendre. »
Raymond Mathys, Oncologue
Face à la Mort Editions Aden, Bruxelles, 2ème trimestre 2008
Billet de blog 2 décembre 2008
La fin de vie pour les Nuls !
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