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Billet de blog 5 juillet 2012

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Traitons mieux la douleur

Dans ses Directives, Le National Institute for Clinical Excellence (NICE) demande que les médecins d'Angleterre et du Pays de Galles aient davantage recours à la morphine et aux opiacés forts, seul  moyen de soulager efficacement la douleur  de nombreux patients. Les Directives recommandent aux médecins de parler avec leurs patients de leurs préoccupations, que ce soient l'accoutumance, la dépendance, les effets secondaires et les peurs que ce traitement signifie la fin de vie.

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Dans ses Directives, Le National Institute for Clinical Excellence (NICE) demande que les médecins d'Angleterre et du Pays de Galles aient davantage recours à la morphine et aux opiacés forts, seul  moyen de soulager efficacement la douleur  de nombreux patients. Les Directives recommandent aux médecins de parler avec leurs patients de leurs préoccupations, que ce soient l'accoutumance, la dépendance, les effets secondaires et les peurs que ce traitement signifie la fin de vie.

Les Directives NICE abordent l'usage de 5 opiacés, la morphine, la  diamorphine (ou héroïne), la buprénorphine, le fentanyl et l'oxycodone. Ils sont produits soit naturellement, à partir du pavot, soit synthétiquement. Selon  NICE, « depuis des années, l'utilisation des opiacés forts est au centre de  mauvaises interprétations et de malentendus, ce qui  entraîne des erreurs et soit  des sous-dosages et des souffrances évitables, soit des surdosages aux effets secondaires contradictoires et douloureux. À cela s'ajoute le souvenir du Dr Harold Shipman qui utilisait la diamorphine pour éliminer ses victimes, cet héritage a hanté de nombreux médecins inquiets de prescrire des opiacés forts.

NICE affirme que l'objectif est à la fois d'améliorer la gestion de la douleur et d'assurer la sécurité du patient. Selon Mike Bennett, professeur de Médecine Palliative à l'Université de Leeds, Hospice St Gemme, «  Environ la moitié des patients en phase cancéreuse avancée voient leurs douleurs sous-traités, essentiellement parce que les médecins craignent d'utiliser des opiacés forts. Le professeur Bennett ajoute que la question est aussi  valable en phase terminale d'autres maladies telles les cardiopathies et les maladies du système nerveux. Dans un entretien du British Medical Journal, summary of the guidance, il dit que les médecins devraient s'ouvrir aux préoccupations de leurs patients et les rassurer parce que le phénomène de dépendance est très rare.

Le Dr Damien Longson, président du groupe de développement des directives de NICE dit : « les gens redoutent de devenir dépendants, particulièrement si les opiacés sont prescrits dans la durée ». Ces Directives insistent sur la nécessité d'une bonne communication entre les professionnels de santé et les malades, indispensable pour qu'ils expriment et discutent leurs inquiétudes et leurs doutes au moment opportun et qu'ils  reçoivent une information adéquate.

La Dr Fiona Hicks, Présidente de la nouvelle cellule de réflexion du Collège Royal des Médecins sur l'amélioration de la fin de vie, accueille positivement les Directives de NICE qui « insistent sur la nécessité d'une communication forte avec les patients, y compris des échanges sur la prise d'opiacées et la gestion des effets secondaires.

Sarah Wootton, Présidente de l'association Compassion in Dying, déclare « Ces Directives vont aider les professionnels de santé à apporter des soins de fin de vie de qualité dans toutes les situations et permettront de garantir à beaucoup de gens  ce qu'ils considèrent comme une bonne mort, que leur souffrance soit gérée correctement.[1]

Une fois de plus, le système de Santé britannique nous montre la voie à suivre pour prendre en compte le patient dans sa globalité. Soulager la douleur est un point sur lequel les associations de patients doivent interpeler fortement les professionnels de santé et les autorités médicales. D’indéniables progrès ont été fait, mais une évaluation et des recommandations comparables à celles effectuées par NICE devraient être lancées en France, au bénéfice de tous, patients, médecins et soignants.


[1] Merci à Dominique Blaess pour sa traduction

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