Dixième anniversaire de la loi Kouchner du 4 mars 2002 : un grand colloque organisé par Didier Tabuteau, à l’Université Paris Descartes, s’est terminé sur des propositions pour faire évoluer cette loi. Bernard Kouchner, qui présidait la table ronde finale, a exprimé son grand regret que sa loi n’ait pas intégré l’expression des volontés du citoyen en fin de vie. Il espère que ce manque sera bientôt corrigé.
Bernard Kouchner a rappelé les très nombreuses consultations que le thème de la demande d’aide active à mourir et de l’euthanasie a entrainé, il y a dix ans. Il n’a pas alors voulu proposer cette possibilité dans son projet de loi, alors que l’essence même de la Loi du 4 mars 2002 repose sur l’affirmation de la liberté des choix de vie du citoyen dans son parcours de soins. Le patient est libre de refuser un traitement. Toute personne est aussi libre de demander pour elle-même une aide à mourir, si elle est dans une situation où elle estime ne plus vouloir vivre les jours qui lui restent à vivre. Et cette aide doit alors lui être apportée.
Dominique Gillot affirme ensuite l’importance qu’elle donne au droit de la personne de décider elle-même de ne plus vivre. Il faut donner cette possibilité à tout malade qui juge sa vie trop lourde à porter et qui souhaite que cela s’arrête. Elle reconnait que c’est une décision difficile, qu’il convient, à son point de vue, d’inclure dans le droit de la personne et non dans le droit du malade. Cela permet de ne pas créer d’obligation aux professionnels de santé, qui pourront intervenir selon leur décision personnelle (et non professionnelle), résolvant ainsi les contradictions pouvant résulter des contraintes de la déontologie médicale.
De tels propos, tenus en conclusion d’un grand colloque sur la démocratie sanitaire, devant des centaines de personnes réunies dans la Faculté de Médecine du 45 rue des Saint-Pères, montrent que le vent tourne.