Je rêve de politiques qui fassent marcher correctement le RER D !

Le désamour s’est durablement installé entre le Président Sarkozy et le pays qui l’avait triomphalement élu en mai 2007. Les promesses ont jeté des éclats pendant quelques mois, puis se sont retournées contre lui.
Réformes, réformes, réformes, où est la vision qui convaincrait les Français et donnerait du sens à la ritournelle…?
Comment peut-il se faire que soit aussi largement partagé le sentiment d’une chute au milieu du désordre et du vide que notre « hyperprésident » ne peut pas combler. Solitude tragique du pouvoir qui isole ? L’aveu des déficiences de communication est le signe d’une incapacité à élaborer et faire partager une stratégie et des projets. Or, le pays nécessite de très grands changements, avec des cohérences et des convergences que Nicolas Sarkozy eut pu imposer sans problème.
N’ayant pas voté pour lui, je ne suis pas déçu. Mais je suis inquiet. Certes il y a eu beaucoup de travail, qui a couvert des domaines différents, un foisonnement de commissions avec de très brillants experts et des résultats qui font « pchitt !!!», comme l’a si joliment dit Jacques Chirac.
La politique devient un show, où la réalité est présentée d’une manière artificielle, ce qui m’irrite, car les vraies causes sont ainsi occultées.
• Il y a un stock permanent d’environ 300 000 sans papiers en France : ces gens travaillent tous ! J’en rencontre en permanence. Ils travaillent au black ou avec des papiers bidon, dans des secteurs sous tension, sinon ils mourraient de faim et leurs villages n’auraient pas leur mandat mensuel.
• Les chômeurs refusent des emplois proposés par l’ANPE, au second refus, on les exclurait ! Une confusion totale est introduite entre offre d’emploi et proposition de contrat de travail. Les chômeurs ne veulent pas des emplois proposés, et les patrons ne veulent pas de chômeurs que l’on « contraindrait » à signer un contrat de travail…qu’ils ne leur ont pas proposé !
• Le Tsunami social, que l’allongement de la durée de la vie va provoquer avec les classes pleines des baby-boomers, est passé sous silence. N’émerge que l’augmentation des maladies neurovégétatives entraînées par le vieillissement de la population. Le spectre d’Alzheimer permet de justifier des franchises, qui font payer par les plus démunis le plan de recherche sur ces affections.
• La lutte contre la pauvreté grandissante de la population passe par le RSA. L’idée de rémunérer le travail dès la première heure est intéressante, dans la mesure où des emplois stables à plein temps peuvent être proposés aux Rmistes. Mais assurer le financement du RSA en prélevant sur la prime pour l’emploi est un tour de passe-passe, alors que les rémunérations basses et moyennes stagnent et que les rémunérations élevées et très élevées croissent de manière forte et même très forte.
La concentration du pouvoir à l’Élysée révèle un profond dysfonctionnement de notre système politique et met clairement en évidence un problème de méthode. Il y a un an, les réformes impliquaient à mes yeux, que le nouveau Président écoute et, plus encore, s’appuie sur les électeurs de Ségolène Royal. La nomination dans les jours qui ont suivi de ministres non UMP répondait à cette intuition. Le changement de ligne a été uniquement conduit par le haut, avec des opportunistes (Kouchner), des traîtres (Morin ou Besson) et des solitaires (Hirsch ou Amara), quels sont les résultats de ce choix ?
L’image internationale du Président, brillante il y a un an, est fortement dégradée. À l’étranger, il n’est pas confortable d’être Français, sauf en Italie où… Carla est considérée comme une reine.
Un an déjà ! L’opinion a brutalement abandonné Nicolas. Les attaques les plus virulentes viennent de personnalités déçues par leur choix. « çà va mal finir » de François Léotard est en tête du box-office des livres politiques. Le « Sarko-bashing » devient un sport national, 64 ouvrages publiés depuis un an ! « Much noise about nothing ».
Les priorités immédiates sont pour moi les suivantes :
• Un bilan des transformations effectuées depuis un an, de manière contradictoire, car l’objectivité sera impossible dans cet exercice,
• Un accord sur des axes prioritaires de réformes indispensables à conduire, dans un Monde devenu totalement interactif,
• Une volonté affichée de consensus national, pour que l’équité se rétablisse et que les responsabilités se partagent.
Mercredi dernier, j’ai randonné dans la Vallée de l’Essonne, approchée par le RER D. Au retour, à 18 heures, panne de train à Juvisy ! Je suis impressionné par le calme de la foule bigarrée des voyageurs, qui rentrent d’une journée de boulot et qui subissent une heure de transport supplémentaire. Ces hommes et ces femmes bossent. Ils n’ont rien à cirer des piques, faites à la même heure, par Sarko sur Chichi ou Ségo ! Et encore moins de toute la mousse médiatique autour de ces bruits.
Je rêve de politiques qui fassent marcher correctement le RER D !