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Billet de blog 19 juin 2012

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Suicide assisté

La dépénalisation de la pratique du suicide assisté est un choix de société dans lequel le corps médical doit rester neutre. Tel est le sens de l’appel du British Medical Journal. 

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La dépénalisation de la pratique du suicide assisté est un choix de société dans lequel le corps médical doit rester neutre. Tel est le sens de l’appel du British Medical Journal.  Dans cet appel, Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ souligne que «l’aide à mourir est un crime dans la plupart des régions du monde».Le BMJ soutient officiellement une pétition qui appelle le corps médical à ne plus s’opposer à la pratique du suicide assisté pour les adultes en phase terminale.

Je me félicite de cette initiative dont l’opportunité est grande dans la perspective des débats qui vont se produire autour de la proposition 21 du programme de François Hollande. Je suis admiratif des Britanniques qui ont été à la fois pragmatiques et efficaces dans l’organisation de leur débat de société sur la fin de vie et qui disposent d’une presse dont je salue la liberté d’expression.

Outre-Manche, cet appel a été initialement lancé par des professionnels de santé favorables à l’assistance à mourir: le Healthcare Professionals for Assisted Dying (HPAD) qui demande à la British Medical Association et au Royal College d’adopter sur ce thème une position de neutralité. Un récent sondage réalisé pour l’association Dignity in Dying montre que parmi les médecins généralistes exerçant au Royaume-Uni, 62% sont favorables à cette position de neutralité. D’autres enquêtes publiques laissent penser que la population britannique serait favorable à 80% à la légalisation de l’aide à mourir.

«La question de la légalisation de l’assistance à mourir est un choix de société, pas une décision de médecins, estime Fiona Godlee. La réforme législative, avec tous les garde-fous qu’elle suppose, est une conséquence quasi-inévitable d’un changement de société vers une plus grande autonomie individuelle.» La rédactrice en chef du BMJ fait ici le parallèle avec la dépénalisation de la pratique l’interruption volontaire de grossesse. Cette évolution se fera selon elle avec le temps, lorsque la mort sera perçue «comme un moment central de notre vie». Le spectacle des fins de vie douloureuses jouera en outre le rôle qui fut celui des avortements clandestins.

Il convient de rappeler que le BMJ est une revue médicale lue dans le monde entier, un éditeur européen de référence.

Cette importante prise de position mérite analyse. L’appel demande aux médecins de  se prononcer exclusivement en tant que citoyen sur l’assistance active à la fin de vie. Cette position implique que la demande d’aide à mourir faite par une personne en fin de vie n’est pas du domaine médical, mais relève d’une volonté personnelle transcendant la relation patient/soignant.

En corolaire, cette position reconnait qu’aucune solution médicale ne peut être proposée pour répondre à la demande exprimée, la volonté du citoyen et sa liberté de choix devant alors être respectées par tout professionnel de santé. En conséquence, le médecin devrait être libre de prescrire le produit nécessaire, avec la capacité de se retirer, en transmettant la demande à un confrère qui prendra cette responsabilité.

J’appelle à un débat démocratique en France, que le projet actuel d’États Généraux sur la fin de vie annoncés par quelques associations ne préfigure hélas pas.

http://www.commissiononassisteddying.co.uk/

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