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Billet de blog 24 mars 2009

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Petite maltraitance au quotidien

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S. a 20 ans. Elle a postulé pour un poste chez « Machinrama », grande surface spécialisée. Voici l’histoire d’une maltraitance ordinaire. C’est ainsi que se construisent les révoltes.
S. a des parents qui travaillent l’un et l’autre, des gens modestes qui n’ont pas les moyens de lui offrir les petits plaisirs qu’une jeune fille de son âge désire. Elle est étudiante, en seconde année de licence de maths. S. est une bosseuse qui aspire à devenir un jour professeur des écoles.
Elle cherche un job de week-end dans les grandes surfaces spécialisées de sa banlieue parisienne. Elle décroche plusieurs propositions et elle retient « Machinrama » qui lui propose un poste d’hôtesse de caisse, 9 heures samedi et 9 heures dimanche. La responsable RH lui fait signer sur cette base un contrat d’embauche spécifiant un week-end de formation, avec une période d’essai de quinze jours.
À la fin du second jour d’essai, il lui est demandé si elle ne serait pas un peu plus disponible. Oui, une matinée de temps en temps, mais pas plus compte tenu de ses contraintes universitaires, cours et partiels. En particulier, elle décline toute possibilité pour deux après-midi qu’elle passe à la Fac. La période de formation s’est passée sans problème. S. avait été en 2008 pendant deux mois hôtesse de caisse chez Auchan. Il lui suffisait de se familiariser avec les procédures spécifiques de « Machinrama ».
Demandant par téléphone des précisions sur son horaire d’embauche le samedi suivant, elle est convoquée en fin de matinée le samedi avec un horaire où figurent des demi-journées hors week-end, contraires à ses contraintes universitaires…et au contrat d’embauche signé quinze jours plus tôt.
Elle se présente à l’heure dite. Au lieu de prendre son poste, elle est conduite à un responsable. S. lui confirme qu’elle ne peut pas assurer le travail demandé en semaine. La chef lui rétorque qu’elle n’avait pas besoin de gens qui avaient de telles exigences, qu’elle ne la « sentait » pas et qu’elle ne pourrait sans doute pas faire face aux exigences du poste. Donc elle arrêtait le contrat pendant la période d’essai : adieu donc ! Un mois de perdu dans sa recherche d’emploi de week-end.
Sortant en larmes de l’entretien, S. rencontre un salarié qui l’avait monitoré le week-end précédent. Elle lui explique qu’elle n’est pas confirmée à cause de l’essai ! À la grande surprise de son interlocuteur, qui pensait qu’elle aurait très vite rempli le poste sans problème…
S. a le sentiment d’être virée parce qu’elle n’est pas taillable et corvéable à merci. Le kapo local de « Machinrama » prend une décision en contradiction flagrante avec le contrat signé avec le DRH de son entreprise.
Je précise que S. est une fille discrète, d’allure sage et… très blonde. Qu’en aurait-il été si S. s’était appelée Fatoumata ! !!!
Qu’on est loin des beaux discours sur le rôle intégrateur du travail et de l’entreprise.

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