La Commune en 1871 avait affirmé son idéal d'un "gouvernement à bon marché"; la rupture avec la vie de cour de l'Empereur Napoléon III, la volonté de représentants et de fonctionnaires proches du peuple et partageant ses préoccupations étaient les motifs de cette ambition.
Démagogie dirent les Versaillais. Pire même, un danger, car des élus trop modestes seraient plus corruptibles...
Depuis des décennies, on assiste à une accentuation rapide des inégalités, à une formidable concentration de la richesse et, de manière simultanée, à la confusion toujours plus grande entre les domaines des affaires et celui de la politique. De hauts fonctionnaires, fréquemment issus "des bonnes familles", pantouflent, passent de la banque aux ministères, des ministères au consulting pour transnationales puis reviennent en politique forts de leurs compétences universelles et de leurs carnets d'adresses. L'argent public finance des frais de campagne, des communicants et publicitaires, des micro-partis; Il sert visiblement à arrondir aussi les revenus familiaux, "comme on le fait dans toute bonne famille", nous dit un sénateur qui oublie qu'il s'agît d'argent public justement. Les mêmes qui se servent et n'ont pas montré souvent leur sens du sacrifice quant à leurs propres revenus ou leur train de vie, ne cessent cependant de nous tancer: le coût du travail est trop élevé, le salaire minimum est trop cher, les remboursements de santé trop élevés. Nous vivons trop longtemps, nous sommes trop soignés, nous ne travaillons jamais assez et notre travail coûte trop cher. C'est bien le sens de la colère provoquée par les scandales qui éclaboussent quelques politicien(ne)s. "Paix aux châteaux, guerre aux chaumières!" paraît leur mot d'ordre. Du haut de leur certitude repue, de leur mandats cumulés, ils mettent en place une Anti-République où seul le pauvre a des comptes à rendre, seul le travail doit réduire son prix, seul l'élu(e) détient la vérité. Tout contrôle populaire ou démocratique sur l'usage de fonds publics leur est insupportable. On crie au complot, à la dictature, à la machination, au lynchage alos que le pays doit faire réaliser des économies urgentes aux pauvres, aux travailleurs, aux "sans-dents", aux gueux cette masse bien trop nombreuse d'assistés.
Ils ont comme idéal "un peuple à bon marché", docile, dont les efforts doivent bâtir leurs palais à Saint-Cloud ou dans la Sarthe.