User de ses droits constitutionnels pour faire grève et manifester contre un projet de loi semble devenu un acte blamable et répréhensible pour le gouvernement. La criminalisation de la protestation sociale et de l'action syndicale se banalisent dans notre pays sous un gouvernement P.S. qui veut ancrer dans les têtes que la seule forme de démocratie qu'il tolère est la délégation de pouvoir par un scrutin à un monarque qui dispose désormais de pouvoirs considérables, étendus encore par l'état d'urgence. Rappelons tout de même que la constitution de la Ve République accorde bien plus de pouvoirs au chef de l'Etat que bon nombre de pays à régime démocratique parlementaire.
Le déroulement des manifestations de ces dernères semaines s'est heurté à une volonté délibérée de faire peur, de brutaliser, à la fois pour montrer qu'il n'y a pas de marge de négociation possible dans le cadre des remises en cause du droit des salariés par l'U.E. et à la fois pour remettre en cause un droit fondamental dont ce pouvoir ne veut plus: l'expression par la manifestation des désaccords des citoyens avec des projets de lois portés par l'Etat. L'acharnement à répéter que seuls les élus avaient une légitimité à décider - ce qui pourrait faire sourire dans la circonstance avec l'usage répété de l'article 49-3- revient à nier les autres formes de débats et contre-pouvoirs d'une société normalement démocratique.
L'acharnement à criminaliser la CGT n'a d'autre raison que de remettre en cause l'action syndicale et le droit de grève dans les esprits avant que de le faire dans les faits.
Le déroulement humiliant des deux dernières manifestations parisiennes n'a d'autre but que d'inculquer que l'action même de manifester n'est plus une liberté mais une simple tolérance. Ainsi le gouvernement a fait fermer des stations ou des lignes de transports en commun pour entraver l'accès aux lieux de départ des manifestations. Ainsi a-t-on vu des barrages de gendarmes ou de policiers fouiller les personnes se rendant en manifestation ou exiger des justificatifs de domicile à de simples passants, confisquer des ampoules de sérum physiologique, exiger le retrait de badges syndicaux, de simples écharpes, et que sais-je encore dans un déni pur et simple de nos droits les plus élémentaires.
Le gouvernement a utilisé le prétexte de violences en tête des manifestations pour restreindre les libertés, en jouant les pompiers incendiaires: refuser tout dialogue, user de façon disproportionnée de la force, de la matraque, des gaz lacrymogènes en particulier dès le printemps dernier contre des lycéenns et étudiants.
Les citoyens simplement attachés à la défense des droits de l'homme et de la liberté ont à s'inquiéter de l'enferment dans l'autoritarisme policier d'une large partie de l'échiqiuer politique. Il n' y a eu que bien peu de députés à réagir à la première prolongation de l'état de l'urgence; qu'un hommage soit rendu à ceux qui ont eu la lucidité et le courage de le faire.
Il nous faut nous emparer de la défense de la liberté et agir sur ce point spécifique dans les mois qui viennent pour la réhabiliter car ce pouvoir impopulaire risque de légitimer peu à peu l'idée même de régime autoritaire.