Sous des titres différents (Ouest France et Le Monde du 29 08 2010) le suicide des personnes âgées est considéré et relayé par ces médias comme un problème de santé publique.
Albert CAMUS disait que "mal nommer les choses ajoute au malheur du monde". Nous sommes bien dans cette situation qui fait que depuis de nombreuses années le suicide d'octogénaires ou plus généralement séniors (quelques fois en couple) est rapporté comme fait divers, relié à des questions de santé, mais jamais à d'autres questions de société pourtant évoquées dans les mêmes médias.
Les faits récemment relatés sont très exactement et précisément exposés: choix de partir pour le couple d'octogénaires et leurs proches prévenus (Ouest France du 29 08) et taux très élevé de suicide chez les personnes âgées et corrélation avec les différentes tranches d'âge (Le Monde du 29 08).
L'aveuglement des autorités publiques, médicales et sociales à ne traiter ce problème que comme symptôme de l'isolement, de l'abandon par les proches et ou le voisinage, le manque de moyens, l'insuffisance d’actions courageuses et désintéressées d’associations, et finalement une faible culture du soin que la vigilance de l'Etat ne peut compenser.
Une "obstination déraisonnable" de la part de politiques et autorités religieuses et morales à ne pas prendre en compte la demande régulièrement mesurée dans les sondages d'une légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté en fin de vie pour les personnes en ayant fait la demande.
Oui alors nommons les choses par les termes qui sont ceux de la réalité mieux perçue le plus par nos concitoyens qu'a travers les études et rapports: fin de vie et la mort au bout, "la France s'occupe mal de ses mourants" titre du rapport de l'observatoire présidé par le Pr AUBRY mettant un peu mieux tout le monde devant les problèmes. Soins palliatifs...les octogénaires (et pas seulement) savent bien qu'ils sont accessibles à seulement 20% des personnes en ayant besoin. Nos concitoyens savent ce qu'il en est de la désertification médicale et de la perte d'autonomie en zone rurale ou périphérique.
Pour ma part je considère ce couple d'octogénaires (tous les deux se suicidant à la maison et dans leur lit, évitant à leur proche la violence du train ou du fond de l'étang) comme des humains plus responsables que beaucoup de politiques et penseurs donneurs de leçons. Il furent jusqu'au bout respectueux d'eux mêmes et de ceux qu'ils ont aimé. Dans un autre contexte légal autorisant l'euthanasie et le suicide assisté, ils auraient sans doute pu encore ajouter de la vie aux années, eux qui ne voulaient pas ajouter des années à la vie.
Il y a 35 ans (que de souffrances depuis et que de temps perdu pour adapter notre législation !) Michel L. LANDA, écrivain, concluait un article dans le journal Le Monde: "Le droit de mourir (dignement) s'accompagnera d'une modification profonde et bénéfique des mœurs et valeurs. La perspective scandaleuse d'une fin de vie solitaire, affligée et probablement nécessiteuse qui ne débouche que sur l'humiliation, l'avilissement et l'attente passive de la mort, disparaîtra. Et le plaisir de vivre, la liberté d'oser, se trouveront allégés d'une angoisse honteuse qui tenaille la plupart d'entre nous, même si nous n'avons pas pleinement conscience". Le Pr SICARD, président de la commission chargée d'étudier les évolutions indispensables de la législation entendra-t-il ces appels à la vie?