Plaisir de vieux. Cette pensée s’est insérée dans mon esprit quand nous avons évoqué une randonnée en montagne. À Guzet-neige en Ariège, sur un site pentu, avec Hervé et Béatrice, propriétaires d’un chalet triangulaire. Et avec un léger regret de n’avoir pas épuisé toutes les joies de la marche, du grand air et de la contemplation plus tôt dans ma vie.
Henri, le tenancier de la Pie Colette, petit troquet sympathique au pied des pistes de ski, (au mur recouvert d’une ardoise parsemée de citations comme : « Quand un moustique se pose sur tes testicules, tu comprends que la violence ne résout pas tout ! ») nous a conseillé : « Allez au lac d’Aubée. 2 heures de marche facile. Vous verrez, le site est superbe ! »
Arrivés au parking, à 1800 m d’altitude, nous avons suivi, de loin, sans trop réfléchir, un groupe d’une huitaine de personnes, avec des enfants. Le chemin, large, carrossable, grimpait à l’assaut du massif pyrénéen. Jusqu’à un carrefour sans signal. À gauche, une voie défoncée, peu engageante. À droite un sentier, souvent emprunté. Va pour le plus étroit, le plus sécurisant, avec de temps à autre une trace jaune pour confirmer la progression. Lentement. Jusqu’à un panneau : « Attention, passage délicat ».
Au pied de la falaise, un éboulis de rocher, un amas de pierres de tailles disparates barre la route. Il faut se faufiler au bord du précipice entre les galets, en utilisant la rocaille placée par la main de l’homme pour constituer un escalier.
Éviter la peur, respirer à fond, oublier le vertige, maîtriser ses pas. Et descendre. En regardant où poser ses pieds. Sans paniquer. Sans embrasser l’abîme d’un coup d’œil. 20 mètres plus bas les premières tiges de fer, solidement fixées, s’accrochent à la paroi, pour former des rambardes. Qui précèdent les barreaux des échelles fichées dans le granit. Assurer ses prises. Descendre calmement. L’expression via ferrata revient en mémoire. Le plus dur est derrière nous. Nouveau sentier. La sérénité regagne mon âme.
Jusqu’à un défilé abrupte. Et à ses chaînes auxquelles il faudra s’agripper pour passer, pour éviter le vide. Conciliabule chargé d’émotions. Partage des craintes. Écoute des appréhensions. Nous rebroussons chemin. Et retraversons le goulet truffé de ferraille. Dans l’autre sens.
Pique-nique au soleil. Jamais une bouteille de Sociando Mallet 2009 n’a procuré un tel bonheur. Sain et sauf. Et heureux de l’être. Même courbaturés.
Plaisir de jeunes. Ou de randonneurs confirmés. Une carte IGN doit accompagner la marche de haute montagne. Sans repère, nous avions pris la direction de l’étang de Turgilla plutôt que celui d’Aubé.