L’impeccable profil d’Hubert
- 6 févr. 2015
- Par Daniel Jeandupeux
- Blog : De l'écriture. Et du football.

Son explication du nul (0-0) à Monaco sidère par sa simplicité : « On ne venait pas pour tendre l’autre joue. On s’était déjà fait contrer en Coupe de la Ligue. On a fait preuve d’intelligence. » Ce qui s’appelle du sens tactique. Sans esbroufe. Pragmatique. Avec réalisme. En acceptant l’idée qu’il faut que les deux contradicteurs apportent du panache pour avoir un bon match.Tant pis pour nous.
J’ai entraîné Hubert au Stade Malherbe de Caen pendant 3 ans (90-93). Travailleur, sérieux, disponible, toujours d’égale humeur, le défenseur central démontrait technique affûtée, sens tactique, jeu de tête dominateur et esprit d'équipe qu'il pratiquait jour après jour, sans se lasser. Seul un manque de vivacité le mettait parfois en difficulté. S'il n'avait pas le temps de s'organiser, il pouvait souffrir. Et comme il n'avait pas recourt à la méchanceté (je lui aurais presque reproché et j'en ai honte), il ne correspondait pas complètement au stéréotype du poste.
Il ne colle pas non plus aux clichés de la fonction d'entraîneur, ni à mon image du chef ou à celle que la société a voulu m'inculquer. Et encore moins à celle que décrit Lydie Salvayre dans son merveilleux livre "Pas pleurer": « Il faisait montre de qualités qu’il pensait être des qualités inhérentes aux chefs : l’impatience, le laconisme et une humeur chroniquement atrabilaire. » Il étonne. Il détonne. Il désarçonne par son humilité. Et son parler vrai.
Dans une période difficile, Jean-Michel Aulas, président Lyonnais, a choisi des mentors soft, soupçonnés d'un manque de caractère. Après Rémi Garde, Hubert Fournier. Et ça marche. Il nous faudra réviser nos à priori au sujet des attributs indispensables aux leaders.
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