Notre société ne tolère que les vainqueurs. Et la compétition est conçue de telle façon qu’elle produit beaucoup plus de loosers, de mauvais que de très bons. Un champion pour 20 équipes de Ligue 1 par exemple. Ou un gagnant pour une Ligue des Champions. Pris dans la machine à laver des résultats négatifs, puis dans l’essoreuse des reproches qui tourne dans l’autre sens, le sportif et l’entraîneur essaient de conserver son équilibre mental, tour à tour douché, sécher, flatter ou houspillé. Sans jamais avoir le droit de flancher.
Nous vivons une semaine « en Avant Guingamp » et Gourvenec. Que par flair ou par chance j’ai suivi avec attention. Parce que la défaite contre Fiorentina, subie malgré une foison de possibilités de marquer m’avait séduite. Du fait qu’un « petit » club jouait sa chance à fond, sans calcul, avec fierté. Pour exister. Au point de se faire rosser 7-2 par Nice au lendemain de la joute européenne. Qui démontrait clairement que le cumul de trop de matches rinçait les énergies. La fatigue physique et mentale semblait incontournable. Décembre devait se terminer sur les rotules. En Avant l’emporte et séduit. En donnant constamment l’impression de pouvoir gagner à Salonique. En s’imposant contre le Paok. En se qualifiant en Ligue Europa. Là où avait échoué Lyon, Lille et Saint-Etienne.
Battre le leader du championnat grec paraissait réalisable. Mais pas terrasser le PSG invaincu dans l’Hexagone.
Avec beaucoup d’abnégation et la réussite des grands jours (action d’éclat du gardien et penalty contre ignoré), Guingamp a accompli son deuxième exploit de la semaine. Comme Monaco contre l’OM. Les milieux extérieurs ont pressé puis neutralisé les latéraux adverse. Le marquage et les surnombres créés ont étouffé le contradicteur, lui ont ravi le temps d’avance qui instaure des décalages et l’instabilité. Sans urgence, peu de danger. Hier PSG a multiplié les passes sans rythme au point de tuer le mouvement de ses attaquants et Marseille a gagné trop peu de deuxième ballon après son jeu vertical et plus risqué pour bénéficier de moments de ruptures.
Jardim cultive l’efficacité et Gourvenec l’intelligence généreuse. Ils sont attendus la semaine prochaine. Du côté du vainqueur ?