Aujourd'hui il est nécessaire de faire le point alors que le gouvernement feint de reculer sur certaines demandes des syndicats considérés comme réformistes . Macron , initiateur du conflit a décidé de modifier l’actuel régime des retraites qu’il soupçonne , comme à son habitude , de couvrir nombre de mesures trop favorables à des salariés privilégiés . Il annonce la mise en place d’un nouveau système universel de retraites à points qui serait plus juste et plus égalitaire . Tout de suite , même les plus bêtes , auront compris qu’égaliser à la mode de Macron , signifie rogner par le bas . Comment le chouchou du MEDEF et de la commission européenne aurait-il pu imaginer une seconde de faire par exemple bénéficier les salariés , mieux payés des entreprises privées performantes , des mesures , prétendues trop favorables , dont bénéficiaient les salariés du public , « en même temps » qu’il ajusterait les salaires de ces derniers sur leurs homologues du privé ? C’eût été le bon choix .
Macron a préféré diviser et opter pour des mesures d’économies .
Il n’y avait pas d’urgence , le versement des retraites à venir n’était pas en danger et de toute façon il y avait la possibilité d’utiliser de nombreuses mesures pour remplir les caisses comme par exemples la participation des revenus financiers aux retraites , et surtout une mesure attendue depuis trop longtemps d’ajustement des salaires et des pensions sur l’inflation , qui entrainerait un surplus de cotisations .
Tout porte à penser que le pouvoir est prêt à abandonner ses premières exigences et à accepter la prolongation de nombreuses mesures liées au caractère spécial de nombreuses professions . On verra qu’au bout du compte Macron aura tout changé pour ne rien changer .
Ce serait trop beau et c’est maintenant qu’il faut être vigilants et intraitables car le pouvoir espère bien obtenir le consentement de la CFDT sur la mesure la plus grave la généralisation de la retraite à points . Cette fausse amélioration masque en effet un renversement de paradigme qui va dénaturer tout l’esprit des retraites . Il faut être attentifs car de nombreux salariés sont déjà réglés par un double système . Il cotisent d’abord à l’assurance vieillesse de la sécurité sociale et ensuite à des complémentaires comme AGGIC ,ARCO , qui fonctionnent par un système de points . Le mode de calcul des retraites de l’assurance vieillesse opère une forme de modération des pensions qui les égalise un peu . Le contraire se passe pour les complémentaires qui déduisent le montant des retraites directement des point acquis . C’est-à-dire que plus vous aurez cotisés plus votre retraite sera importante . Pour comprendre l’injustice de ce mode de cotisation il suffit de comparer le fossé qui se creusera par exemple entre une femme de ménage à temps partiel pendant 20 jours ,gagnant 40 euros par jour et une secrétaire de direction à 2400 euros mensuels. Si on suppose que 10 euros gagnés équivaudront à 1 point de retraite la pension de la première sera trois fois moins importantes que celle de la secrétaire ; ce qui ne serait pas le cas actuellement . Avec ce système les pauvres resteront toujours plus pauvres et les riches plus riches . Merci mon président .
Evidemment le changement ne se fera sans doute pas aussi brutalement , mais le cadre sera en place , et il est déjà prêt à fonctionner pour les très hautes rétributions qui seront dispensées de cotiser en dessus de 10000 euros . Leurs détenteurs auront tout loisir de placer leurs économies dans les fonds d’investissements de leur choix .
Le grand danger est que Macron ne joue sur le manque de conviction des uns et la compréhensible lassitude des autres pour faire passer ce projet . Pour le contrer il est indispensable que toutes les forces de gauche viennent appuyer en masse les syndicats car il n’est plus temps de jouer sur la distinction syndicat - politique. Il va falloir sans doute , mais de façon urgente , laisser un peu de côté la préparation des municipales avec son lot de combinaisons et de compromis qui n’ont pas leur place dans le conflit présent .