L’article de Faïza Zerouala nous montre le ministre de l’éducation nationale conscient des problèmes des enseignants : sélection , formation , prise de fonction , déroulement de carrière et rémunération . En réponse à ce constat monsieur Blanquer ne propose en réalité aucune solution .
Il y a bien longtemps que la sélection des professeurs se fait uniquement en fonction du niveau d’études et de culture acquise , si ce n’est lors du cours magistral de l’oral du concours . Il n’est jamais envisagé de prendre en compte les capacités des futurs enseignants à transmettre leur savoir . La pédagogie , à supposer que ce soit possible s’apprendra sur le tas , et le tas ce sont les élèves . J’aimerais que le ministre compare le soin avec lequel sont préparés les futurs responsables politiques , en matière par exemple de prise de parole , de maintien , de conduite de débat et de conquête d’un auditoire , et l’absence totale de préparation pour un nouvel enseignant qui va se trouver confronté à une classe qui n’a pas de raison de lui être acquise d’avance . Tout pour le futur politicien professionnel , rien pour le futur enseignant . A ce propos , au cours d’une rencontre fortuite avec Ségolène Royal , en fonction à l’éducation nationale , je lui avais demandé pour quelles raisons affecter des professeurs débutants dans des classes et des établissements dits à problèmes , sa réponse fut que ce choix était justifié par la jeunesse et la capacité supposée à affronter l’adversaire . Pas encore usés ils étaient censés mieux supporter et craquer moins vite face à des élèves pris pour des ennemis ! Vision du monde de l’école qui en explique déjà l’échec .
La moindre des logiques consisterait à introduire une approche de la pédagogie , une fréquentation de cours d’art dramatique et de tout ce qui peut aider à la transmission d’un message , pendant les études de jeunes gens qui se destinent à l’enseignement . Ils ont quand même un métier à apprendre avant que le talent ne vienne ou pas .
Il n’est pas surprenant qu’il y ait aujourd’hui moins de candidats que de postes à pourvoir dans bien des matières . Le ministre connait la cause , le métier n’est plus attractif . Les élèves ont changé mais pas la formation des enseignants qui se trouvent de moins en moins considérés . Il y a plusieurs décennies un enseignant bénéficiait d’un certain niveau social qui lui conférait le respect et donc l’éventuel désir de choisir cette profession . Le salaire des enseignants a suivi le même chemin , ce qui est le signe de la perte de considération de notre société pour cette fonction . Comment imaginer que les candidats se bousculent pour un métier très mal payé et parfois plus ou moins méprisé ?
Les réponse avancées par le ministère sont insultantes . Blocage des salaires , introduction d’une forme de rémunération au mérite , autonomie des établissements qui deviennent concurrents entre eux . Les solutions proposées sont dans la logique néolibérale de Macron : transformer les établissements scolaires en entreprises avec les mêmes objectifs de réussite et de compétitivité .
Billet de blog 4 août 2018
la formation des enseignants est un choix de société
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