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Billet de blog 5 février 2025

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Lettre à Olivier Faure

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Ex camarade Olivier Faure
Je suis né en 1941 dans une famille ouvrière et bureaucrate catho. Très jeune j’ai été sensible aux injustices mais on n’y parlait pas de politique. Un oncle militant au PC représentait l’exception. C’est la guerre d’Algérie, Jean-Paul Sartre et un professeur de  philosophie marxiste qui m’ont placé à gauche et dans ce qui représentait pour moi le communisme. Grâce au Sartre de la préface écrite pour Aden Arabie de Paul Nizan je n’ai plus jamais confondu le régime stalinien avec ce communisme. 
Même auréolé du Front Populaire le Parti Socialiste a toujours représenté pour moi une organisation de type Auberge espagnole qui s’est plus ou moins déshonorée dans sa participation à la guerre d’Algérie. Je vous fais grâce de la présence de Mitterrand auprès de Pétain et Guy Mollet. 
Il aura fallu l’espoir de mai 68 pour que je me lance dans l’action militante, principalement à la CGT. Au sein de ce syndicat j’ai combattu contre les pouvoirs en place et contre les staliniens. Les socialistes eux passaient pour des bureaucrates embourgeoisés. 
Opposé à de Gaulle et à ses successeurs j’ai commencé à voter pour Mitterrand tout en restant prudent pour son parti. 
Je me suis très rapidement réveillé de la victoire de 1981 déçu par l’attitude des nouveaux dirigeants. Le hasard des chemins de fer m’a placé dans un restaurant au milieu des congressistes socialistes à Valence. Rien dans leur comportement, dans leur attitude ne laissait croire au changement promis. Le G7 à Versailles a renforcé mes craintes. Très vite Mitterrand a oublié sa promesse de donner le pouvoir au peuple. Ce n’est pas la peine de s’étendre sur le virage de 1983 qui n’en était finalement pas un, mais plutôt une suite fatale. 
La première cohabitation aura permis aux socialistes et à leur chef de rajuster leur costume de gauche pour les élections de 1988. Mais l’ouverture au centre caractérisera ce septennat. L’Europe, les guerres du Golf, les luttes internes assombriront la politique mitterrandienne. Lui-même opère un curieux volte-face en choisissant Elkabbach comme confident de ses mémoires audio-visuelles dans une réplique de son bureau toujours à sa disposition. 
La double nature du chef disparu semble avoir contaminé ses troupes. Jospin premier ministre de coalition a largement contribué à l’ouverture au libéralisme que continuera son successeur Sarkozy. Au début de sa campagne présidentielle de 2002 il a déclaré que cette campagne ne serait pas socialiste, on l’a cru et c’est Le Pen qui est sorti. 
Pendant la campagne pour le référendum sur le traité européen Jospin a rompu son silence  pour la victoire du « oui » avec le maximum d’hypocrisie et de mauvaise foi: « Voter contre le traité constitutionnel c’est sanctionner la France, c’est sanctionner l’Europe, ce n’est pas sanctionner le pouvoir en place » comme si les partisans du rejet ne défendaient pas avant tout notre indépendance et notre démocratie, qui n’importaient pas pour les socialistes.
En 2007 la malheureuse Ségolène Royale n’a pas été bien soutenue dans sa campagne par son premier secrétaire et mari François Hollande. 
Voilà un personnage qui porte en lui toutes les contradictions du parti socialiste. Sorti de l’ENA c’est un petit bourgeois qui choisi la carrière socialiste comme il aurait pu en choisir une autre. Il a réussi à se faire élire à la suite d’une campagne toute en trompe l’œil et en formules creuses. Pour les partisans de gauche il restera le président qui a su imposer une impitoyable loi travail à grands renforts de violences policières et de recours à l’article 49-3 qui servira aussi pour une loi Macron favorable à la libéralisation des transports publics. Sa présidence sera celle de la trahison et de la lâcheté, et Hollande ose pointer son nez en douce dans l’espoir de peut-être ….un jour….
Il n’y a pas que des Jospin et des Hollande au parti socialiste, mais il ne faut pas que les hommes de gauche sincères se laissent entraîner par ces exemples. C’est pourtant ce qui arrive aujourd’hui avec votre refus de voter la censure au projet de budget de Bayrou. Tous les faux prétextes sont bons pour justifier votre brusque changement de cap et l’abandon de vos engagements. Vous savez très bien que l’on peut se passer provisoirement de budget, et de gouvernement sans grands risques. Vous devez vous ressaisir avant la chute.

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