Affaire Pétain ou affaire Macron

Avant d’envisager une forme d’hommage à Pétain Macron aurait mieux fait d’approfondir ses connaissances historiques , en consultant par exemple l’ouvrage fondamental d’Henri Guillemin « la vérité sur l’affaire Pétain » . Ce livre prouve à partir de documents irréfutables , comme les souvenirs des acteurs de cette guerre , que la conduite de Pétain était bien éloignée de celle du sauveur de Verdun .
« La chose est demeurée à peu près inconnue du grand public ; elle n’est pas hors de discussion : par deux fois , en 1916 , Pétain conseille l’abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre fut obligé de lui interdire ce replis désastreux . » Plus tard il s’opposera au commandement unique des armées alliées et  il refusera d’aider les Anglais . Fin 1918 Pétain parle de cesser le combat , il estime la guerre perdue , la victoire impossible .
Pétain affichait exactement le même défaitisme que celui qu’il manifestera pendant la seconde guerre mondiale . A cette époque il n’était pas un traître  « mais un homme de petit caractère , sans flamme , sans confiance , ennemi des risques , convaincu jusqu’à la fin , de l’extrême supériorité allemande . »
Après la guerre la création du mythe Pétain Sauveur de Verdun a répondu à la volonté de montrer une France unie exactement comme de Gaulle le fera à son tour .
Il semble difficile d’imaginer Macron totalement ignorant de la vraie nature de Pétain et dans ce cas pour quelle raison avait-il choisi cette forme de réhabilitation du maréchal avant d'y renoncer ?
Son goût pour la provocation n’y est sans doute pas étranger , mais il se peut que sa formation chez les jésuites n’y soit pas pour rien . On sait combien les catholiques , intégristes ou non , ont été sensibles aux charmes de Pétain . Avec une popularité en baisse Macron doit renforcer son aile droite et concurrencer sur leur propre terrain les Républicains et le FN . Si Paris a bien valu une messe à une certaine époque , un regain de satisfaction mérite bien un Pétain .