La présidente de l’Assemblée et le président du Sénat en appelant à une manifestation contre l’antisémitisme au nom de la République divisent la classe politique. C’est à qui acceptera ou non de défiler en même temps que le RN. On venait tout juste de clore en partie l’interminable, ridicule et honteux débat sémantique sur le terrorisme que nous voilà à rechercher qui est antisémite et qui ne l’est pas. L’antisémitisme n’est pas un racisme comme les autres. Il n’est pas seulement fondé sur la différence mais pour les chrétiens et leur descendance sur la culpabilité historique d’avoir tué le christ. De plus cette faute n’est pas seulement celle de la religion juive, mais celle du peuple juif dont elle se veut inséparable. Toute cette mythologie s’est enrichie au cours des siècles de différences de pratiques sociales entre les juifs et leurs voisins. Pendant des siècles les classes dirigeantes comme la noblesse et le clergé méprisaient le commerce et la finance qu’elles ont abandonnés aux juifs, qui en ont naturellement profité. De là le supposé complot. Comme on ne prête qu’aux riches les israélites se sont vus accusés de toutes les conduites déloyales. Quand arrivait un malheur on les désignait comme les suspects manifestes et les premiers à éliminer.
De persécutions en persécutions, d’inquisitions en inquisitions, il semble que les juifs aient fini par s’assimiler au rôle de victimes désignées qu’on les forçait à endosser. C’est-ce qui se passe avec le souvenir de la Shoa dont la plupart des victimes sont mortes aujourd’hui mais que les juifs perpétuent en deuxième et troisième génération. De cet holocauste historique il ne faut pas oublier qu’il n’a pas été réservé aux seuls juifs mais que les victimes politiques, raciales et sociales ont été presque aussi nombreuses dans la proportion d’au moins quatre sur six. Comme le font remarquer des historiens israéliens non officiels les religieux de plus en plus influents et les derniers gouvernements ont tendance à vouloir monopoliser le martyr de la seconde guerre mondiale. Dans cet esprit on ne ;peut rien reprocher à ceux qui ont autant souffert. Certainement pas de ne pas accepter les traités qui devraient obliger l’état d’Israël à arrêter la colonisation des territoires occupés et à accepter la création d’un état palestinien….
C’est bien pour l’empêcher que Netanyahou a favorisé l’installation et la prise du pouvoir du Hamas dont les habitants de Gaza sont victimes plus ou moins consentantes. Abandonnés par leurs voisins les Palestiniens n’ont plus que le Hamas pour les défendre. En Palestine il y a un pays occupant qui est Israël et un peuple sous domination coloniale les Palestiniens. Le raid criminel et condamnable du Hamas sur Israël ne doit pas nous faire oublier cette situation. Comme Français je ne peux pas oublier que notre armée a commis des massacres aussi horribles pendant la guerre d’Algérie. C’est justement à peu près cette époque que chez nous ce qui restait d’antisémitisme honteux s’est transformé en anti Maghreb ou en islamophobie. Je crains que ceux qui veulent confondre l’antisionisme avec l’antisémitisme ne cèdent à cette islamophobie. L’antisémitisme s’en prend à l’essence du juif comme si il y avait un modèle de juif qui se perpétuait à travers les siècles. C’est une grossière erreur et c’est nier la liberté humaine. Ce qui fait l’individu ce n’est pas sa naissance mais ce qu’il fait. Dans le cas d’un peuple ou d’un pays c’est les politiques qu’il conduit ou choisit. Etre antisioniste c’est ne pas accepter les choix et les actions des gouvernements d’Israël, en particulier sa prétention à retrouver le grand Israël plus ou moins mythique, habité depuis des siècles par les Palestiniens. Les massacres perpétrés par les tueurs du Hamas ne peuvent sous aucun prétexte justifier la politique de colonisation et d’apartheid de l’actuel gouvernement. A l’époque de la mondialisation et de l’information en continu rien ne peut empêcher les mouvement de solidarité et d’identification entre les peuples. C’est cette solidarité d’une partie de la jeunesse française ou immigrée que Macron et la droite redoutent. A côté de placards grossièrement antisémites, façon Front National, les soutiens à la lutte des Palestiniens peuvent déplaire à tous ceux qui se taisent depuis des années sans se préoccuper du respect par Israël des traités et de l’arrêt de l’invasion de Gaza. Le silence des autorités religieuses et intellectuelles juives présentent chez nous, peuvent laisser à penser qu’elles approuvent la politique du gouvernement d’Israël, et les désigner comme coresponsables de la Guerre.
Pour répondre de façon unitaire il est urgent et vital d’appeler par tous les moyens à l’arrêt des combats, à la libération des otages et à la création de deux états, dans le respect de l’absence d’antisémitisme et de toute islamophobie. Je serais surpris que le RN réponde à un tel appel.