Dans la foule d’analyses et de commentaires autour de la défaite de Bayrou et de la politique imposée à tous par Macron bien peu mettent en cause les institutions. A la source de nos malheurs on trouve pourtant la constitution. Tout se passe en effet comme si ce texte tenait du sacré. « On ne doit pas y toucher. C’est cette constitution providentielle qui nous protège des crises. C’est grâce à elle que notre société n’éclate pas. Elle en est l’armature et le ciment. »
Si on veut bien analyser les éléments qui ont permis et favorisé la crise actuelle, on ne peut pas ne pas mettre en cause le fonctionnement monarchique du pouvoir exécutif. Pratiquement toutes les décisions sont entre les mains du Président élu au suffrage universel. Il ne doit de compte à personne et n’est responsable devant aucune assemblée représentative. En dehors des régimes considérés comme des dictatures aucun chef d’état ne bénéficie d’un pouvoir aussi étendu.
Il ne faut pas oublier que ces institutions ont été spécialement choisies en pleine guerre d’Algérie pour faire bénéficier de Gaulle de pleins pouvoir pour résoudre ce conflit. A l’époque le danger était double, à l’extérieur et à l’intérieur. Il y a plus de cinquante ans que les raisons de menace sur le pays ne dépendent plus que de la politique extérieure. Il n’y donc plus de raisons de conserver cette concentration du pouvoir. Les présidents qui ont suivis de Gaulle se sont bien gardés d’y toucher et en ont tous profité plus ou moins. Après Hollande c’est Macron qui en a le plus abusé lui qui ne peut tenter de faire passer une loi sans le recours à l’arme absolue, l’article 49-3 qui représente le déni de démocratie.
Avec l’actuel chef de l’état les abus de pouvoir se compliquent en raison du caractère particulier du personnage. On a pu en constater les retombées pendant la crise de la covid. Avec lui les vérités scientifiques du soir se retrouvaient à l’opposé de celles du matin. Sa présidence pourrait se définir par « Macron ou la contradiction permanente ». On en subit les conséquences en permanence. Tout bon choix est suivi de son contraire; la reconnaissance de l’Etat palestinien et « en même temps » la livraison d’armes à Israël pour massacrer les habitants de Gaza.
On peut estimer urgent le départ de ce président, mais cette précipitation pourrait se révéler risquée en raison de la composition des forces politiques en présence. Demain une élection présidentielle anticipée aurait de fortes chances, le mot est bien mal choisi, de faire triompher la ou le candidat du RN. C’est sans doute un risque qu’il vaudrait mieux éviter, mais le vrai problème, on l’a bien vu, ne dépend pas de la personnalité du candidat, mais est directement lié aux prérogatives de la fonction. Si l’on veut retrouver un fonctionnement démocratique de la vie politique, il faut restreindre drastiquement le pouvoir présidentiel. Il pourrait se limiter à un rôle d’arbitrage et à sa fonction de représentant solennel de l’état.
Cette mesure de sauvegarde de la démocratie pourrait sans doute s’appliquer avant la prochaine élection présidentielle. Il suffirait d’une modification de la constitution. Ce serait la seule garantie pour qu’une fois de plus, nous ne nous satisfaisions pas d’élire démocratiquement un futur tyran. Les prochains candidats devraient accepter cette limitation du pouvoir présidentiel. La mise au point de la nouvelle constitution devrait suivre cette élection. Un gouvernement provisoire devrait mettre en place les mesures urgentes préparées par l’organisation du nouvel élu.
Cette proposition pourrait être portée par une campagne pour référendum. Mais il est avant tout nécessaire que les partis qui se réclament plus ou moins de la gauche cessent de s’entredéchirer au nom d’incompatibilités qui masquent souvent de basses ambitions personnelles. Tout le monde à gauche a ses torts. Mélenchon n’est plus un démocrate, il mérite sa préretraite de vieux sage à la parole d’autant plus fertile qu’elle se fera rare. Les socialistes devraient enfin faire le ménage pour savoir qui chez eux est vraiment de gauche. Les Hollande; Vals, Glucksmann, Cazeneuve et d’autres n’en sont plus, à savoir si ils l’ont été un jour? Le même remède pourrait s’appliquer aux Ecologistes. Au PC Fabien Roussel pourrait poursuivre la lutte de classes plutôt que celle des places. La FI est aussi indispensable à la gauche que les autres organisations le sont à elle. Il faut reprendre la dynamique du NFP qui restera la meilleure arme contre le RN. Son programme serait porté par un candidat unique qui serait désigné ou tiré au sort parmi ceux de chaque organisation.
Une pétition nationale devrait forcer Macron à initier la modification de la constitution portant sur le rôle et les pouvoirs du Président de la République.
Billet de blog 10 septembre 2025
Après le 10 septembre une modification de la constitution
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