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Billet de blog 14 janvier 2012

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A propos de l'enseignement

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les dernières élucubrations de Sarkozy à propos de l'exercice du métier d'enseignant , même si elles ne sont que de basses manoeuvres électorales , méritent beaucoup d'attention . Les gouvernements qui se sont succédés depuis des dizaines d'années , mais plus gravement depuis celui qui a connu Claude Allègre comme ministre de l'éducation , n'ont eu de cesse de démolir consciencieusement l'éducation publique . L'actuel Président inspiré par la drogue du libéralisme se propose de contribuer massivement à ce travail de sape .

De la même façon que l'on prétexte de la mondialisation (qui n'est pas née de la cuisse de Jupiter) pour revenir sur l'ensemble des acquis sociaux on prétend adapter le système éducatif à l'évolution sociologique . Il s'agit en fait de rentabiliser l'enseignement , de faire jouer à plein la concurrence par ailleurs faussée entre le privé et le public ( les établissements publics ont le devoir d'accueillir tous les élèves , ce qui n'est pas le cas des écoles privées) . 

Au nom de l'évolution de la société on prétend que la fonction des enseignants n'est plus seulement la transmission du savoir mais la formation et l'éducation des enfants . Ces missions sont d'abord celles des parents et de corps spécialisés de la société mais certainement pas celles des professeurs . Si les aléas de la vie moderne empêchent une partie des géniteurs d'éduquer correctement leurs progénitures c'est aux politiques d'imaginer et de préparer des professionnels de l'éducation qui pourront éventuellement renforcer les surveillants en voie d'extinction pour cause d'économie . Ce pourrait être le rôle de laïcs qui remplaceraient avantageusement le prêtre si cher à notre grenouille de bénitier de Président . Une majorité d'enseignants se plaignent avec raison de passer la plus grande partie de leur temps à règler des problèmes de discipline au détriment de leur mission d'enseigner .

Tous les gouvernements qui se sont succédés ont prétendu faire de l'enseignement la priorité des priorités et tous ont contribué à sa perte . Le seul projet ambitieux fut celui proposé par Louis Legrand en 1982 . Il aurait pu être financé par l'application du principe "école publique fonds publics , école privée fonds privés " . Il fut abandonné par un Mitterrand soucieux de se concillier les bonnes grâces du marché et du ciel . Ce projet se proposait avant tout de lutter contre l'échec scolaire de plus en plus dramatique à l'école primaire et au collège . Ce n'est pas à coups d'évaluations arbitraires que l'on pourra y parvenir mais en y consacrant les moyens humains et financiers nécessaires .

Les récents ministres de l'éducation nationale nous ont tous seriné la même rengaine : ce n'est pas une question de moyens financiers et d'abord le budget du ministère n'a cessé d'être en augmentation . Ce dernier argument est particulièrement falacieux car le budget en question ne fait que suivre tant bien que mal l'évolution du coup de la vie et la progression de carrière des enseignants . Un professeur qui a trente ans d'ancienneté est mieux rémunéré qu'un débutant . Le vieillissement de cette population dû au non remplacement des partants fait apparaître une augmentation de la masse salariale sans que le salaire de base soit en progression ( ceci est vrai pour l'ensemble de la foncton publique). Par ailleurs tous les parents ont pu constater que leurs enfants progressent d'autant mieux dans des classes à effectifs réduits alors qu'ils ne cessent d'augmenter . Il faut plus d'enseignants et plus de responsables de la discipline et de l'éducation d'autant plus que notre pays fait preuve d'une démographie entraînante . Faut-il rappeler que les dépenses en matière d'enseignement et de formation sont des investissements pour demain et non une dette que l'on laisserait à nos enfants .

Il faut plus d'enseignants et surtout des enseignants d'autant mieux formés que le public scolaire est plus difficile . Depuis toujours on a sélectionné les professeurs sur la quantité et la qualité du savoir accumulé et non sur la capacité à le transmettre . La récente suppression des IUFM a aggravé ce déséquilibre quand la formation pédagogique des enseignants devrait être une priorité . Que l'on songe au soin , à l'argent dépensés en moyens humains et audio-visuels pour préparer le plus obscur politicien à la moindre intervention publique et on aura une petite idée de ce que l'on pourrait faire pour aider un professeur débutant à affronter une classe qui ressemble bien souvent à une cage aux fauves . Il existe des techniques pour tenir un auditoire ( le maintien , la respiration , le placement de la voix etc ) , ce serait un minimum d'en faire bénéficier les futurs enseignants .

Mieux préparés les professeurs doivent aussi être mieux rémunérés . Pierre Bourdieu le répétait à l'envi le salaire est la marque de la considération qu'une société accorde à une fonction .Les enseignants français sont scandaleusement mal payés par rapport aux années d'études accomplies et à l'importance de leur mission . Ce n'est certainement pas en augmentant leur temps de travail comme le propose hypocritiquement Sarkozy que l'on revalorisera leur profession . Pour la plupart des disciplines le temps passé en préparation et en correction est plus important que celui passé en classe . Le souhait du Prince Président serait que les enseignants accomplissent ces tâches dans les établissements pour y être plus près des élèves et éventuellement les aider . Ce soutien pourrait être confié à des étudiants se préparant à l'enseignement . Il ne faut pas oublier que l'enseignement est un métier d'autant plus lourd et difficile que l'on retrouve concentrés dans les établissements scolaires tous les problèmes de la société et que les professeurs ont besoin de compenser et de se retrouver au calme et en famille éventuellement . Ce peut être aussi une raison plus qu'honorable pour laquelle ils et de plus en plus elles ont choisi cette profession . Il faudrait veiller à ne pas dissuader les candidats au rique de voir se généraliser le recours à des vacataires souvent incompétents comme c'est de plus en plus le cas . Si par malheur Sarkozy reconduit voulait concrétiser ses projets destructeurs il faudrait que chaque enseignant dispose dans son établissement d'un bureau individuel pour lui permettre d'accomplir au calme les travaux qu'il faisait chez lui . Selon l'importance des collèges et lycées ce sont par établissement de cinquante à plusieurs centaines de bureaux à construire . Ne pouvant se présenter une troisième fois Sarkozy pourra toujours se recycler dans le bâtiment .  

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