En 2022 je me suis battu pour une candidature commune des organisations de gauche. Après la défaite, en dépit des différences idéologiques, elles ont créé la NUPES qui leur a permis d’obtenir, faute de mieux, une présence honorable à l’assemblée. Rendues impuissantes à coups de 49,3 elles se sont laissées reprendre par leurs vieux démons. Toutes les occasions sont bonnes maintenant, même les plus mauvaises, pour trouver des raisons de se séparer. Peu importe qui a commencé. Il convient de dénoncer les attitudes qui sont à l’évidence responsables de cette situation.
Jean-Luc Mélenchon, bien qu’écarté de la direction de la FI, s’efforce de l’influencer après avoir personnellement, mis en place une nouvelle équipe à sa dévotion, de façon anti démocratique et dommageable pour son parti. Il est devenu un repoussoir pour l’unité de la gauche.
Fabien Roussel, qui devrait réfléchir au fait que ses 3% obtenus à la présidentielle ont permis à Marine Le Pen d’être présente au second tour, se complait à surprendre par des dérives droitières comme son soutien intempestif au comportement de la police ou sa récente déclaration qui ressemblait à une offre de collaboration à Macron: « Je répondrai toujours à une demande qui va dans le sens de l’intérêt du pays. Tout dépend du projet. Les communistes ont participé à la reconstruction de la France en 45 avec De Gaulle qui n’était pas de notre bord politique ».
Le PS de son côté reproche à Mélenchon de n’avoir pas désigné comme acte « terroriste » l’attaque du 7 octobre par le Hamas. C’est un mauvais et malhonnête prétexte car la qualification d’action terroriste a donné lieu à une bataille sémantique au terme de laquelle c’est le mot retenu par l’ONU et La Ligue des Droits de l’homme est « crime de guerre ». Depuis de nombreuses années le parti socialiste pose le problème de son appartenance à la gauche. C’est un parti bourgeois qui, à côté de militants sincères attachés à la lutte de classe, accueille aussi les ambitions personnelles de personnalités qui ont choisi d’y faire carrière. Résultat: les trahisons de Mitterrand, de Jospin et de Holland, et le choix de se placer aujourd’hui derrière Raphaël Glucksmann.
Les écologistes avaient pour leur part estimé que l’unité pourrait leur être défavorable. Ils sont également divisés comme les socialistes.
C’est pour toutes ces raisons que les trompettes médiatiques se sont précipitées à décrire une gauche inconciliable.
Ce dimanche matin j’ai écouté avec soin Fabien Roussel invité sur BFM tv pendant trois quarts d’heure. Rien de ce qu’il a dit pendant tout ce temps là ne peut être refusé comme élément d’un programme de défense sociale et politique par les autres organisations de gauche. Cette déclaration devrait aider à la préparation d’un combat électoral unitaire dont on a besoin pour que ces futures élections nous soient utiles. Les conditions permettant l’unité à gauche, soutenue par la majorité des militants du PC, de la FI, des écologistes et du PS, sont présentes dans cette déclaration. Il suffit de vouloir le reconnaître.
Cette candidature unie est la seule stratégie capable de faire reculer et la droite de Macron et le RN. C’est une évidence que prouvent les résultats comparés des législatives de 2017 avec 69 élus pour toute la gauche et 149 en 2022.
Pour les organisations concernées il ne s’agit pas d’arriver à une doctrine globale de gauche mais de présenter un programme des mesures à défendre dans l’urgence d’aujourd’hui pour la législature à venir. Cette nécessité impose des renoncements comme les ambitions personnelles ou partisanes; mais elles sont peu de choses en face du résultat espéré et possible. C’est ce que les électeurs attendent car ils n’en peuvent plus des pouvoirs personnels. Ce qu’il souhaitent c’est la victoire pour la satisfaction de leurs besoins, qui ne dépendent surement pas de qui sera tête de liste, mais de ceux qui seront élus pour se battre. On n’attend pas de sauveur suprême, mais des partis de gauche adultes et responsables.
Cette unité a beaucoup de chances de stopper l’augmentation de l’abstention pour des élections pour lesquelles les citoyens ne se sentent pas toujours concernés. Pourtant notre destin est directement lié aux décisions de L’Union Européenne à travers ses institutions: la Commission Européenne, le Conseil Européen, le Conseil de l’Union Européenne et le Parlement Européen seul organisme réellement démocratique, élu à la proportionnelle, dont on peut seulement regretter qu’il n’ait pas plus de pouvoir. Plus la gauche sera présente mieux elle pourra se faire entendre. C’est ce qui a gravement manqué au peuple grec.
Si la participation à cette Union Européenne est un point de friction entre nos organisations de gauche je ne constate pas qu’une seule envisage de la quitter. Toutes militent pour une réforme qui la rende enfin démocratique et il ne devrait pas leur être trop difficile de se retrouver sur les mesures les plus indispensables. Quand les syndicats ont pu s’unir contre la loi sur les retraites ils ont réussi à entraîner la majorité des Français. Ce n’est au final pas l’unité qui est responsable de notre défaite mais à coups surs la succession de grèves hebdomadaires très coûteuses à la longue, à la place d‘une grève générale massive que le gouvernement n‘aurait pas pu supporter longtemps . Pour s’imposer à l’Europe il nous faut la présence la plus importante à Strasbourg, elle ne s’obtiendra que par une candidature unie pour la lutte et avec l’aide des syndicats, qui sont directement concernés par les choix de l‘UE.