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Billet de blog 16 décembre 2023

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Embuches pour la loi sur la fin de vie

Emmanuel Macron s'applique à retarder la présentation de la loi sur la fin de vie dans le but d'affadir les conclusions de la commission qu'il avait mis en place. Ce n'est pas la première fois qu'il agit ainsi. Faisons en sorte que ce soit la dernière.

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Ce n’est certainement pas l’appel désespéré de François Hardy qui va inciter Emmanuel Macron à avancer la présentation de sa réflexion sur la fin de vie. On aurait pu espérer que l’excellent travail du groupe de réflexion dont la majorité des membres s’est déclarée en faveur de l’autorisation de l’aide à mourir et de l’euthanasie, qu’il avait lui-même mis en place, allait le libérer de ses rapports ambigus avec les religions qu’il estime malmenées. 

C’est le cas de l’intimité qu’il ne cache même pas avec le pape, chef de l’église catholique, pour lequel on a pu apprendre que madame Macron priait tous les jours. Cette confidence, bien peu laïque, jointe à la participation du Président à de nombreuses réunions des différents représentants des cultes, avec ou sans cérémonial religieux, est la preuve du peu de cas que l’on fait de la laïcité à la tête de l’Etat. 

Ce n’est pas la première entorse qu’il y est faite puisque depuis des années la réduction d’impôts, due aux dons aux associations, permet de rétribuer par la bande les clergés et autres salariés. Nos pères la rigueur de la laïcité qui s’émeuvent, pour le moindre morceau de tissu affiché bien souvent par de jeunes plus ou moins exaltées, devraient plutôt s’inquiéter de cette pratique. 

La séparation de l’Etat et des églises devrait en priorité interdire toute participation des membres d’un culte à ses affaires. En aucun cas les sensibilités religieuses ne doivent intervenir dans la réflexion et la préparation d’une loi. La République qui ne reconnait aucune religion ne peut les faire de prés ou de loin au travail législatif. La loi ne peut être qu’athée.

Pour être respectée par tous elle ne devrait pas être contraignante. Personne ne devrait se trouver forcé à pratiquer une aide à mourir ou une euthanasie contraire à ses convictions. En revanche il ne faudrait pas qu’un lobby médical se substitue à de quelconques groupes de pressions pour qu’une autorité médicale ait le pouvoir de décider qui est ou non susceptible de bénéficier de cette aide à mourir. Le médecin est là pour aider et conseiller ; il propose et le patient dispose.

Le meilleur exemple qui devrait inspirer le travail des législateurs c’est celui de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse dont la philosophie était pour les femmes: « mon corps m’appartient et j’en fais ce que je veux. » C’est cette affirmation lumineuse qui devrait conduire tout être humain.  

Sans ingérence de groupes de pression cultuels ou plus ou moins moraux, il n’y a aucune raison pour que la présentation de la future loi sur la fin de vie prenne le temps considérable que mettent en avant les personnages proches du pouvoir.

Tout retard sera susceptible de masquer le sombre dessein de céder aux pressions romaines ou célestes. Et les responsables de ces manœuvres pourront être considérés comme coupables de non assistance à personne en danger pour avoir délibérément oublié les tourments de leurs « frères humains » qui grâce à eux continueront de souffrir.

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