Il n’y a pas lieu de se satisfaire de la résolution sur laquelle les députés se sont accordés pour le projet de loi sur l’aide à mourir, car elle comporte encore trop de mesures restrictives.
Pour prétendre à bénéficier de ce droit il faudrait souffrir d’une affection grave et incurable qui engage le pronostic vital. Il serait nécessaire d’obtenir l’accord d’un premier médecin que devrait confirmer un second médecin. Ce que nous demandons c’est que le sentiment d’un médecin ne dépende pas des conditions trop limitatives définies dans ce texte. C’est surtout une décision personnelle et il est impératif que le choix reste au patient. Le médecin propose et le patient dispose. Personne n’a le droit ni la faculté de décider qui a le droit de vivre ou de mourir.
J’ai été surpris ce matin en entendant François Ruffin approuver le recours à l’autorité médicale. C’est réactionnaire et très en delà de l’affirmation avancée par les femmes qui ont, elles, réussi à faire accepter le principe: MON CORPS M’APPARTIENT ET J’EN FAIS CE QUE JE VEUX. Si elles ne s’étaient pas battu comme elles l’on fait, pour faire respecter ce droit, elles n’auraient obtenu la possibilité d’avorter que pour des femmes seules, gravement malades, dans le besoin ou déjà mères de nombreux enfants.
Les premières oppositions pour raisons religieuses ne devraient pas être prises en compte. Comment un pays qui continue d’affirmer son attachement irréductible pour la séparation de l’état et des églises pourrait il accepter que seul un dieu supposé soit le maître de la vie humaine? Comment prétendre que le droit à l’euthanasie empêcherait des croyants de suivre les prescriptions de leur église? Les croyants ne seront jamais obligés de choisir la mort. Il ne faut pas confondre droit et devoir. Cette liberté appartiendra toujours aux médecins qui n’ont aucune raison de craindre qu’un éventuel droit opposable les conduise devant un tribunal.
Les prétendues raisons économiques ne sont pas plus sérieuses. Si il faut bien entendu améliorer les possibilités de soins palliatifs, les craintes de les voir en diminution ne justifient en rien le refus du droit à mourir. Les déboires de l’école publique n’on rien à voir avec le droit à l’avortement. Je ne pense pas non plus que beaucoup de parents ou de grands parents choisiraient de mourir pour faciliter d’un point de vue économique la vie de leurs proches.