A la suite de sa lamentable campagne présidentielle Fabien Roussel continue de chercher à se distinguer au prix de dangereux rapprochements avec le libéralisme de droite et d’extrême droite. Il a choisi la fête de l’Humanité pour célébrer la valeur travail opposée au droit à la paresse d’un Paul Lafargue bien mal compris.
A la suite de l’ensemble de la droite et d’une bonne partie de la sociale démocratie il trouve dans le travail et le productivisme le remède pour lutter contre le chômage et la misère bien mal compensés par des aides sociales insuffisantes. Dans sa hâte à se distinguer il en oublie que le travail n’est pas une activité abstraite dans un monde neutre.
Aujourd’hui plus que jamais notre activité se passe dans un monde dominé par le capitalisme préoccupé de la seule recherche du profit. Le résultat Lafargue l’avait déjà compris: « La morale capitaliste, piteuse parodie de la morale chrétienne, frappe d’anathème la morale du travailleur; elle prend pour idéal de réduire le producteur au plus petit minimum de ses besoins, de supprimer ses joies et ses passions et de le condamner au rôle de machine délivrant du travail sans trêve ni merci. » Nous ne sommes plus au dix-neuvième siècle mais certaines conditions de travail s’en rapprochent. Que Roussel aille donc travailler chez Amazon ou livrer des pizzas à dix heures du soir en hiver et il pourra parler de travail valorisant, de travail qui confère de la dignité.
Quand on sait que Macron se prépare à s’en prendre aux chômeurs, aux futurs retraités et à tous ceux qui souffrent de sa dictature libérale il ne faut rien concéder à ses projets au nom d’une pensée jésuite. Ce n’est pas parce que de nombreux salariés s’épanouissent dans une activité qui leur procure satisfaction que l’on peut ignorer tous ceux qui triment de plus en plus dans des entreprises où ils se tuent pour des salaires de misère. On ne compte plus les secteurs, dans lesquels les salariés retiraient des satisfactions matérielles et professionnelles, qui se dégradent dangereusement . C’est le cas de la santé, de l’enseignement, des transports et de l’ensemble des services publics condamnés à la rentabilité au nom d’une prétendue modernité. En réalité la valeur travail c’est la valeur ajoutée à ses frais par le travailleur au bénéfice de l’entreprise capitaliste. La valeur c’est l’engagement que Macron demande aux enseignants de s’impliquer, en plus de leurs heures de cours, dans des tâches n’ayant rien à voir avec leur spécialité, pour voir leurs salaires, classés en queue des pays européens , bénéficier d’une ridicule majoration. La valeur travail est une escroquerie camarade Roussel.
Ce que l’on attend du Parti Communiste c’est qu’il nous fasse connaître sa conception du travail dans un monde communiste, au lieu de nous inciter à participer un peu plus à la surproduction capitaliste inspirée du bon vieux stakhanovisme stalinien. Il y a dans ce parti un certain Bernard Friot , spécialiste et défenseur de la sécurité sociale, qui nous propose de séparer le salaire de l’emploi en instaurant un salaire à vie, défini par la qualification et financé par la cotisation. Ce n’est q’une proposition, mais qui a le mérite de rompre avec le capitalisme. Dans cette perspective nous pourrons choisir librement notre activité sans dépendre du bon vouloir ou du chantage d’un patron quelconque. Libérés de toute forme d’assujettissement nous trouverons naturellement de l’intérêt à travailler pour nous et pour le bien commun. Imaginons la traversée d’une crise de l’ampleur de celles que nous n’avons pas fini de vivre, délivrée de toute insécurité financière et donc de toute spéculation et recherche de profits criminels. Ca c’est un projet communiste.