Face au massacre qui s'est passé à Paris deux attitudes sont possibles , deux façons de respecter les morts . La première , celle choisie par la majorité de la classe politique , consiste à se serrer les coudes dans un factice élan d'unité patriotique et à laisser de côté les questions qui pourraient fâcher . On est en guerre , on est tous derrière le drapeau et on entonne une Marseillaise en guise de talisman . Droite et gauche confondues on vient de voter la prolongation des restrictions de liberté réclamée par François Hollande , clone de Guy Mollet à la demande duquel le Parti Communiste s'est déshonoré en votant les pouvoirs spéciaux qui ont permis l'aggravation de la répression en Algérie . Il arrive que l'histoire se répète .
La deuxième qui respecte l'exigence de vérité due aux victimes se propose de tout mettre sur la table , de ne rien laisser dans l'ombre . Les morts n'ont rien à faire de notre silence , ils y sont enfermés . On leur doit la vérité . C'est si évident que dans la cas contraire le travail des enquêteurs après un crime serait considéré comme une insulte .
On nous l'a assez ressassé , nous sommes en guerre contre le terrorisme . Contre un terrorisme qui s"appuie sur deux motivations principales : une guerre de religion entre musulmans et des affrontements géopolitiques . Comme c'est le cas dans tout conflit plus il y a de belligérants plus les raisons de se battre sont nombreuses , plus les oppositions sont irréductibles . D'un conflit local on en est parvenu à une prétendue guerre de civilisation .
Comme l'avait fait Mitterrand en s'engageant derrière les USA dans la guerre du Golfe pour faire oublier les trahisons de sa politique intérieure , Hollande , qui n'a tenu aucun de ses engagements , a bondi sur l'occasion de jouer au gendarme du monde et a sauté à pieds joints dans tous les conflits : Mali , Centre Afrique , Afghanistan et Syrie . Sa politique peut se résumer en deux mots : pour avoir la Paix faisons la guerre . Pour lui la meilleure défense contre le risque de terrorisme chez nous c'est de détruire les terroristes chez eux . La tragédie parisienne vient de nous donner la preuve de l'abbération de ce choix criminel .
Si Daesh n'avait été qu'une petite nébuleuse le pari de Hollande aurait peut-être pu réussir mais ce n'aurait jamais dû être envisagé face à une organisation aussi puissante . Confrontés à une aussi grave erreur d'appréciation nous ne pouvons pas nous taire . Nous le demander sous le prétexte que nous sommes en guerre serait du chantage . Au contraire il faut dénoncer cette politique et lutter plus que jamais contre ce pouvoir dangereusement belliqueux .