Le débat final de la primaire de la "Belle Alliance " s'est montré ennuyeux comme un repas de famille où il est interdit de parler de ce qui fâche . En fin de repas restaient à table , dans la famille néolibéralefasciste Manuel Valls , dans la famille plus à gauche que moi tu meurs Benoit Hamon . Comme des convives un brin embrumés en fin de repas les deux rivaux se sont mollement opposés sur trois ou quatre points de leur programme . Je me moque bien de ce qu'a pu raconter Valls , clone de feu Sarkozy et apprenti dictateur , et je me propose de revenir sur la prestation de Hamon qui m'a semblé bien insuffisante . Ce n'est qu'accessoirement et au passage qu'il a livré sa position sur les choix fondamentaux qui doivent questionner la gauche . Prioritairement le rétablissement de la démocratie dans les institutions françaises et européennes . Il aurait dû insister sur le fait que tous les beaux programmes que les candidats nous font miroiter ne pourront voir le jour que si nous nous libérons d'abord de la tutelle de l'Union Européenne . C'est le préalable incontournable .
Quand on prétend répondre aux attentes de l'ensemble des exploités ( car il y a des exploités et des exploiteurs comme au temps de Marx , même si ils sont socialement plus nombreux et différents ) on ne peut pas ne pas parler au nom de la lutte de classe . Il ne faut pas cacher son drapeau dans la poche , si on en a un . C'est cette conviction qui a manqué à Benoit Hamon dans la confrontation entre son programme qualifié d'utopique par Valls qui prétendait le sien réaliste .
Aujourd'hui il n'y a plus que les aveugles ou les imbéciles pour croire encore à une croissance qui renaîtrait toujours de ses cendres et refuser de constater que les progrès en matière d'automatisation et de robotisation seront inéxorablement destructeurs d'emploi . Si l'on veut bien avoir la franchise de voir que de très nombreux travaux nécessaires et effectués par une main d'oeuvre souvent peu qualifiée , sont très durs , inhumains parfois dégradants et sont bien loin de ce que les hypocrites confortablement installés osent appelé la valeur travail . Si les robots peuvent accomplir un jour ces tâches on ne peut que s'en réjouir . Si les mêmes types de machines peuvent concourir à l'amélioration des conditions de vie des humains il n'y a aucune raison de s'y opposer , à condition que les donneurs d'ordre (capital et finance) ne s'en servent pas pour se débarrasser des salariés et faire de superprofits . La contrepartie sera d'abord une diminution du temps de travail équivalente aux nombre d'heures de travail humain remplacé et bien entendu au salaire précédent . L'autre réponse à cette évolution pourrait être effectivement un revenu de remplacement qu'Hamon veut universel . Si dans un premier temps il envisage de le financer par la suppression du CICE il me semble que là encore il faut lutter pour que les profits n'aillent pas uniquement au capital et aux actionnaires . Un programme de gauche digne de ce nom devrait exiger pour l'utilisation de robots le paiement des charges équivalentes aux anciens salariés . Ce sont les hommes qui doivent bénéficier du progrès J'ai du mal à suivre Hamon lorsqu'il exige que ce revenu soit universel . Comme le droit de vote on pourrait déclarer que le travail est un droit universel et qu'en son absence interviendrait ce revenu . Cela ressemble beaucoup à l'allocation chômage qu'il faudrait mieux répartir . La bonne mesure est de verser un présalaire à partir de dix huit ans . C'est d'autant plus justifié que tous ceux qui sont en étude ou en formation accomplissent un vrai travail dont sera profitale la communauté . C'est le caractère universel de ce revenu que j'ai du mal à accepter . Il devrait tout de même dépendre des revenus . Pour la même raison je pense que verser des allocations familiales sans conditions de revenu n'est qu'une mesure démagogique .
Les thèmes choisis ont empêché les débats sur des choix vitaux en matière d'éducation et de santé par exemple . Je n'ai pu que constater les dangereuses convergences de vues des deux candidats en matière de défense et de politique étrangère . Benoit Hamon semble ignorer que les actes terroristes qui ont lieu chez nous sont la conséquence directe de la guerre que Hollande a déclarée à l'Etat Islamique .
Si Benoit Hamon est parfois plein de bonnes intentions il lui reste beaucoup de chemin à faire pour rejoindre la gauche .