La proposition de Frédéric Lordon rappelle celle avancée par Shlomo Sand pour la création d’un état d’Israël unique et démocratique pour tous les habitants juifs, musulmans ou athées. C’est une très belle perspective qui n’est pas sans rappeler l’époque de la création des kibboutz. Je pense au pays décrit à dans « La tour d’Ezra » par Arthur Koestler qui pressent la dérive politico-religieuse de cet état de plus en plus gangréné par la religion et des gouvernement influencés par les rabbins.
Comme le montre très bien Shlomo Sand il n’y a pas de peuple juif à l’inverse de ce qu’a pu prétendre Delphine Horvilleur et une religion ne fera jamais un peuple avec toutes les diversités qui doivent le composer. En dehors de la création artificielle et hypocrite de l’état du Vatican due à Mussolini, il n’y a pas d’état religieux, mais des religions d’état, ce qui est bien différent. A en juger par la situation et par l’évolution , d’Israël, ce n’est certainement pas demain qu’il pourrait remplir le minimum du commencement de ce qui pourrait représenter un début d’état laïc.
Dans la première partie de sa réflexion Lordon rappelle la situation à Gaza et en Cisjordanie plus d’un an et demi après les massacres du 7 octobre. La plus élémentaire des justices devrait obliger à comparer le nombre de victimes d’israéliens 1300 et les plus de 50000 morts palestiniens. Il ne surtout pas oublier ceux qui disparaissent sous le joug de colons criminels.
Comment peut on imaginer que les palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie puissent fraterniser avec des bourreaux qui ne songent qu’à les rayer de leur terre séculaire? Sand insiste sur le refus initial d’une majorité de le communauté juive de s’installer en Palestine. C’est la Shoa qui a rendu possible ce qui n’aurait pas du survenir, la création de l’état d’Israël. Cette faute historique, inspirée à l’occident par le désir de faire oublier le nazisme, lui même nourri par des siècles d’antisémitisme chrétien, est responsable du dilemme de l’impossible choix entre deux états et un seul. Shlomo Sand est forcé de reconnaître « je ne suis pas « pour » un état binational mais on a pas d’autre solution »
Ce serait une folie de vouloir demain faire cohabiter pacifiquement deux communautés que les erreurs du passé ont poussées à s’entredéchirer. Honnêtement, peut on penser par exemple, que les grands ou petits colons qui continuent aujourd’hui à exploiter et à dépouiller les palestiniens de Cisjordanie puissent les respecter et les dédommager, alors que rien ne les arrête encore aujourd’hui?
Si les religions ne font pas un état, il ne faut pas les considérer comme premiers responsables de ce conflit. On le sait bien, en dehors de leur caractère mythique, elles sont toutes porteuses de nombreux intérêts plus ou moins cachés qui contribuent à exacerber les oppositions, et elles n‘échappent pas à la lutte de classes. Lorsqu’ils sont minoritaires, comme ce fut par exemple le cas au Maghreb, musulmans et juifs vivaient en paix. C’est sur ce chemin que ces deux communautés pourront s’entendre un jour dans le laïcité et la démocratie, mais certainement pas maintenant. En attendant un monde de fraternité et d’égalité, la seule solution c’est celle de deux états voisins et indépendants. Et elle devrait se faire avec une aide massive de l’ONU et de sa multinationale pour garantir la paix.
Billet de blog 28 juillet 2025
Israël Palestine demain deux états
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