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Billet de blog 28 février 2010

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Le cinéma français en avance sur la société française

En ces temps de débats nauséabonds autour d'une pseudo identité nationale, je pensais samedi soir en regardant la cérémonie des Césars que la France du cinéma était, d'année en année, bien en avance sur celle des politiques.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En ces temps de débats nauséabonds autour d'une pseudo identité nationale, je pensais samedi soir en regardant la cérémonie des Césars que la France du cinéma était, d'année en année, bien en avance sur celle des politiques. Depuis quelques années le cinéma et la musique de notre hexagone est marquée par une belle percée des jeunes artistes issus de l'immigration. Et cela semble naturel à tout le monde. Samedi soir, Tahar Rahim et Abdel Raouf Dafri triomphaient aux côtés d'un Audiard, gaulois pure souche. Il y a peu de temps, ce fut "La graine et le mulet" d'Abdellatif Kechiche avec la belle Hafsia Herzi et Habib Boufares. Alors que la semaine dernière sortait le nouveau Tony Gatlif, superbe film sur les persécutions des gens du voyage durant la dernière guerre, difficile de ne pas songer à la chasse aux immigrés du ministre Besson dans les alentours de Calais ou de Paris.

Le temps passe ainsi, les pratiques honteuses de l'Etat français demeurent et ceux qui les subissent ne changent pas. Gens du voyage ne possédant qu'une roulotte ou un cheval pour tout bien ou afghans ne possédant qu'un sac et une veste, ils subiront le même sort, l'expulsion. A l'époque, ce fut vers les camps de la mort, aujourd'hui non, mais c'est tout de même vers des camps...de rétention administrative, souvent indignes d'une démocratie comme la notre. Mais sommes-nous encore dans une démocratie ?

Hélas Welcome fut l'oublié de la soirée et c'est dommage car le film est réussi et nous parle aussi de notre pays où la solidarité et la résistance de quelques uns sauvent encore les plus en difficulté. Alors que les petites phrases à connotations racistes se sont multipliés au même rythme que les profanations de mosquée ou les débats officiels sur l'identité nationale, alors que les expulsions se poursuivent, qu'un nouveau centre de rétention va s'ouvrir, que Besson nous prépare de nouvelles lois liberticides, le cinéma français nous donne comme une bouffée d'air frais via les images d'Audiard, de Lioret, de Kechiche, de Gatlif. C'est du cinéma, du vrai et cela fait du bien en ces temps mortifères.

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